Blog
  • Main page

L’envie d’aller voir ailleurs…

24.10.2019

Lionel Roulier

La fidélité est souvent mise à mal au quotidien. Fatalité ou crise passagère, comment négocier cette envie d’aller voir ailleurs sans mettre se mettre en danger ?

 

Bien évidemment je parle de votre pratique martiale, et de l’envie d’aller voir ce qu’il se passe dans d’autres Kwoon.

 

Quand on est élève, on est tenté d’aller voir ailleurs afin de découvrir d’autres formes de pratique, que cela soit dans un art martial ou un sport de combat différent de celui qu’on pratique, mais aussi parfois dans le même style afin de comparer, de voir ou tester ses acquis.

 

Cette infidélité à son professeur, il y a encore quelques décennies était impossible, car on s’exposait à de lourdes sanctions voir à un bannissement définitif de l’école.

 

Pourquoi une telle punition ?

 

Là où l’élève ne voit qu’un moyen de découvrir de nouvelles façons de faire ou un moyen de comparer ce que fait une autre lignée, le maitre lui y voit un message inconscient, ce message est celui d’un manque. Mis en évidence, ce manque représente pour le maitre une preuve que l’élève doute qu’il puisse lui apporter tout ce dont il a besoin et qu’il va se rassurer ailleurs.

 

De ce constat le maitre souvent par fierté préférait couper court et, au pire se mettait à négliger l’élève infidèle en ne lui enseignant plus une partie du cursus, au mieux le sortait de l’école lui laissant la liberté d’aller voir où il veut.

 

Cette façon d’agir permettait une chose, éviter les dangers des futures relations.

 

Imaginez un élève ayant vu des choses qui lui semblent géniales ailleurs revenir dans l’école et en faire la promotion, ou se mettre à discuter voire négocier l’enseignement du maitre, lui demandant de faire comme le voisin. Impensable à l’époque.

 

J’ai dit plus haut que le maitre faisait souvent cela par fierté. Beaucoup vont penser que bien sûr c’est l’égo du maitre qui s’exprime, et diront qu’il ne sait pas gérer la critique, a peur de voir qu’il n’est pas si fort que cela, ou iront même jusqu’à dire que ce n’est pas un vrai maitre pour agir comme cela.

 

A cela pour ma part, je répondrais qu’il est facile de rejeter la faute sur le maitre alors qu’on a le premier fait la démarche d’aller mettre son attention vers d’autres horizons. Il serait bon pour un élève de se poser la question suivante : pourquoi ai-je envie d’aller voir ailleurs ?

 

Est-ce par simple curiosité ? Est-ce parce qu’au fond de vous, en effet il manque quelque chose à l’enseignement qui vous est donné et que consciemment ou non vous cherchez une autre école ? Est-ce parce que vous avez l’impression d’avoir atteint une certaine limite et qu’aller voir ailleurs peut vous donner l’impression de progresser plus vite ? Est-ce parce qu’au fond de vous, vous n’avez pas du tout envie de vous impliquer et qu’en effet vous êtes en mode touriste qui veut découvrir du pays ?

 

Lorsque l’on est un maitre, on a la maitrise de son sujet, et l’objectif premier est de faire acquérir à ses élève son art aussi bien dans le savoir que dans le faire.

 

Le maitre emploie une multitude de chemins afin de façonner ses élèves pour qu’un jour ils arrivent à un savoir-faire qui pourra leur permettre de poursuivre leur chemin, et s’ils le désirent, de le transmettre (réunissant ainsi savoir, savoir-faire et faire-savoir).

 

Mais si le maitre ressent des doutes ou questionnements chez ses élèves, il peut se dire qu’il aura du mal à y arriver !

 

J’utiliserais pour mieux me faire comprendre, l’image d’un potier travaillant l’argile. Si avec une argile tendre et conciliante il peut la travailler et en faire ressortir une œuvre digne de ce nom, avec une argile qui serait plus dure et moins malléable il ne pourra pas fabriquer ce qu’il veut.

 

Je pense qu’on ne doit jamais oublier qu’à la base, l’apprentissage des arts martiaux était une forme de compagnonnage artisanal et non comme aujourd’hui un enseignement de masse.

 

Même si on ne peut nier que même à l’époque, des élèves se permettaient d’aller regarder par la fenêtre discrètement les autres écoles, ou de discuter avec d’autres pratiquants, le nombre réduit d’écoles et le qu’en dira-t-on rendaient la démarche d’aller voir ailleurs plus difficile.

 

Aujourd’hui, avec la multiplication des réseaux sociaux, Youtube et le nombre d’écoles qui sont à portée de main, la tentation d’aller voir ailleurs est plus forte que jamais. Il y a donc depuis un moment une démarche de papillonnage, voire consumériste, qui est entrée dans les mœurs.

 

Il faut dire ce qui est, quand on est élève on a une vue incroyable sur tout ce qui se fait autour de nous et à l’autre bout de la planète, ce qui est une grande chance pour engranger des connaissances. Mais cet excès de vision a entraîné un changement des relations entre le maitre et ses élèves.

 

Il y a deux attitudes courantes que l’on retrouve dans pas mal de clubs.

 

Avant de vous donner ces deux attitudes, il est important de vous faire remarquer que je vais changer de terme dans ce paragraphe, je vais remplacer maitre par professeur, car l’époque a eu raison du maitre.

 

La première attitude est donc celle de la transformation du maitre en professeur, les relations vont se faire plus distantes.

 

Le maitre ne voulant pas se sentir blessé, mis en défaut, ou passer son cours à discutailler, aura tendance à engager une prise de distance entre lui et ses élèves, créant ainsi un fossé ce qui incitera ses élèves à ne pas lui dire ce qu’ils font, ce qu’ils ont vu ou ce qu’ils pensent.

 

Il suit son cursus et tel un fonctionnaire n’en discute pas le contenu.

 

La deuxième attitude est celle du maitre devenant un guide, les relations vont être très proches.

 

Le maitre va établir une relation de grande proximité avec ses élèves et va ainsi se découvrir, il pourra partager son avis, plaisanter de ses faiblesses, ou des forces des autres structures. Il pourra adapter son enseignement aux demandes et envies immédiates des élèves.

 

Vous l’aurez donc compris, il y a dans ces attitudes un choix qui a été fait par le maitre de se transformer lui, plutôt que d’imposer la transformation à ses élèves.

 

Dans les deux attitudes, le maitre essaie de faire en sorte que ses élèves restent sur le chemin : dans la première attitude en mettant en place un cadre et une autorité, et dans la deuxième attitude des explications et de la diplomatie.

 

Je ne parlerais pas ici de la troisième attitude que l’on retrouve moins couramment de nos jours, de certains maitres qui sont restés sur le mode d’avant : c’est l’élève qui plie, point barre !

 

Pour ma part j’ai moi-même commencé et fait ma formation wing chun dans deux lignées différentes à Hong Kong : avec mon maitre Fok Chiu, lignée Yiu choi, âgé aujourd’hui d’un peu plus de 90 printemps qui est l’oncle de mon épouse, et avec Chow Tze Chun, lignée Yp Man (décédé il y a quelques années) et son élève Mak Kwon Kuen (président actuel de IWCO).

 

J’ai donc caché pendant plus de dix ans à chacun de mes maitres le fait que je travaillais avec l’autre. Il s’en est suivi un moment où cela a été mis sur la table. Les déceptions de part et d’autres furent et sont encore une cicatrice dans nos relations.

 

Une déception de mon côté d’avoir en quelque sorte brisé la confiance que l’on me faisait et je citerais jean Paul Sartre « La confiance se gagne en gouttes, et se perd en litres ».

 

Et la déception de mes maitres, qui au final ont eu l’impression que ce n’était pas réellement eux qui avaient réussi à me façonner, la beauté de leur œuvre n’ayant plus de créateur attitré.

 

Aujourd’hui la situation fait que je ne suis pas dans l’organisation IWCO de Maitre Mak Kwong Kuen et que l’organisation ne m’admet que parce qu’il y a un lien familial entre moi et Fok Chiu.

 

Alors je ne vais pas vous dire si aller voir ailleurs est bien ou mal, chacun doit suivre sa voie. Mais il est sûr que ceux qui l’ont fait ont profondément modifié les relations et la façon dont la transmission se faisait par le passé alors parfois il est important de prendre un temps de réflexion.

 

Grace a cet article peut être pourrais vous situer l’attitude de votre maitre et agir comme il faut avec un maximum de respect.

 

Je finirai par une mise en garde qui vise les élèves les moins respectueux qui, peuvent avoir une attitude consumériste, pensez que ce genre d’attitude n’aboutit qu’à une chose, la dégradation de la qualité, et à ce jeu-là, les arts martiaux traditionnels et les pratiquants ont tout à perdre.

 

Si la relation maître-élève se perd, il n’y aura plus d’engagement réciproque et du coup ce qui sera transmis s’en trouvera réduit.

 

Alors gardons les valeurs d’humanité transmises dans les arts martiaux et continuons à être les gardiens d’un monde meilleur 😉


Si vous souhaitez commencer le Wing Chun :

Le Jook Dji Huen « Cerceau Wing Chun »

Voici un moyen simple et efficace de travailler seul votre pratique du Wing Chun !

 

Le « jook Dji Huen » est un élément incontournable dans la vie du pratiquant de Wing Chun, à l’image du mannequin de bois, il est essentiel afin de pratiquer seul.

 

Dans cette vidéo, trouver plus de 25 exercices basés sur l’ensemble des mouvements Wing Chun qui vont améliorer vos techniques, votre dextérité, votre sensitivité au contact et votre Chi Sao.

 

Chaque exercice est expliqué et détaillé, cela va vous permettre d’avoir un maximum d’idées pour la création de vos entrainements.

author: Lionel Roulier

Comment
4
charly

Article super intéressant et qui donne le point de vue du maitre. J’ai matière à dire car j’ai bcp médité sur la question Les temps ont changé, les élèves ont youtube et ailleurs, c’est souvent mieux. Et on oublie que le corps n’apprend pas sur internet mais sur le tatami. Qu’il a besoin de puiser en lui avant de chercher les réponses ailleurs. C’est à lui de chercher ses questions avant de demander les réponses. Que veut l’élève, le sait-il seulement ? est-il prêt à payer le prix en sueur, en temps, pour obtenir ce qu’il veut ? et c’est quoi, ce qu’il veut justement ?

Je pense, en tant qu’élève, que tant que l’on a pas répondu à ces questions, aller voir ailleurs est une perte de temps. Reprocher au maitre actuel de ne pas faire ceci, cela, aussi.
Alors avant, bien sûr, le maitre ne se posait pas de questions : « reste ici, l’enseignement est bon, si tu restes jusqu’au « bon moment » », le problème étant que ce moment n’arrivait jamais car l’élève ne parvenait pas à faire fonctionner l’enseignement du maitre dans n’importe quelle situation non complaisante, et que la faute était « forcément » au système qui ne marchait pas. Alors qu’en fait, avant de déterminer si le système est bon ou pas, il faut se poser la question : est-ce que cela est bon pour moi, pour ma façon de comprendre et de reproduire ?

Là encore, par un manque de travail en profondeur, on pense combler le « vide » par un passage en mode touriste. En revanche, aller voir ailleurs pour chercher une autre perspective sur le même « problème » que celui posé dans l’art est à mon sens une approche intéressante : je ne comprends pas la multiplication (qui me bloque pour comprendre le calcul en général), je passe par un système qui m’explique l’addition pour arriver à la multiplication pour comprendre ultimement le calcul est une approche qui à mon avis, fait sens. Plus prosaïquement, je me suis mis à la boxe anglaise pour y appliquer les principes de Wing Chun, et je continue à travailler les taos, les placements de corps, la bio mécanique du corps etc…

Par ailleurs, le détachement des maitres et la « liaison » avec l’élève est quelque chose d’important mais qui a en effet a du mal à passer la barrière orient – occident et s’accommoder du présent est quelque chose de difficile. Jadis, l’aïeul vivait chez les enfants, aujourd’hui, cela ne se fait plus, avec les écueils des anciens abandonnés et seuls chez eux, mais je m’éloigne du sujet.

Je ne me permettrai pas de juger de la réaction de tes maitres, j’accepte la relativité des points de vue et je peux concevoir que dans leur système de valeur, tu aies commis une trahison, mais le référentiel de l’un n’est par définition, pas universel. Partant, est-ce vraiment une trahison ? Cela est relatif. Car en prenant de la hauteur, leur objectif à tout deux, était de former un maitre qui fasse vivre l’Idée du Wing Chun, et en cela, ils ont réussi avec ton aide aussi. Donc, ce n’est pas une trahison mais une réussite qui a pris une forme différente de celle définie par leurs egos individuels : là encore, question de point de vue, mais c’est celui, d’un occidental….

Je te rejoins sur le dernier point mais vais au-delà de la notion consumériste : le manque de respect dus aux sachants est quelque chose qui ne se fait plus aujourd’hui, car les jeunes « savent » mieux, plus vite etc etc… On peut mettre cela sur le compte d’un passéisme ringard à base de « c’était mieux avant, confère le texte sur Babylone et ses anciens et ses jeunes ».

Mais à l’épreuve des faits, force est de constater, je trouve, que le respect et la transmission des valeurs humaines se perdent et pas seulement dans les arts martiaux. « On » dira que les temps changent, c’est tout. Je pense qu’ils se perdent et que les humains de demain ont tout à perdre ; et pas seulement en arts martiaux.

Mais pour finir sur une note positive : à nous de montrer l’exemple, en plantant des graines, parfois, elles poussent….

Sab

Je vais donner un 2ème point de vue d’élève. Celui d’un élève qui croit dur comme fer à cette relation mythique maître-élève et qui pensait que ces mots avaient une vraie signification, celui d’une sorte d’engagement mutuel.
Avant de venir chez France Wing chun, j’étais dans une autre école (bah ouais, nul n’est parfait ;). Je me suis investie dans l’apprentissage, sans m’économiser. Et puis un jour, celui qui m’enseignait est parti. Comme ça, du jour au lendemain. Dernier cours de l’année « j’ai un truc à vous dire, je ne reviens pas l’année prochaine ». Le gros choc, et un sentiment d’abandon.
On ne change pas de lignée wing chun comme on change de club de foot. Pour ma part, ce fut l’occasion d’un questionnement: pourquoi m’investir dans un art qui réclame 10 ou 15 ans d’apprentissage et de travail personnel pour espérer atteindre un quelconque niveau à peine correct si au final on peut nous planter en cours de route ?

Aux termes d’une réflexion assez longue, j’ai choisi de recommencer l’apprentissage et mon chemin m’a guidé jusqu’à France wing chun 🙂 Ce que cela change pour moi, c’est que je pratique aujourd’hui avec cette cicatrice encore ouverte de me dire que du jour au lendemain, peu importe notre investissement, on peut juste être abandonné, et que si les maitres rêvent d’élèves dignes de ce nom et fidèles, parfois les élèves ne rêvent que d’une chose, c’est de trouver un maître.

J’ai trouvé aujourd’hui celui auprès de qui je veux apprendre, et il ne me viendrait pas à l’idée d’aller voir ailleurs pour revenir à l’objet de l’article. Ailleurs, il n’y aura pas ce maitre qui m’offre d’explorer un chemin qui va bien au delà de mes espérances. Mais un engagement sincère de 15 ans aujourd’hui, est-ce ne serait-ce qu’envisageable ? Pour ma part, c’est aussi ce que je suis venue chercher en faisant un art martial chinois, c’est une histoire, un engagement, le respect de la lignée et de mes maitres. RDV dans 10 ans pour voir si j’ai eu raison d’y croire 😉

panit

Merci Sifu pour cette mise au point et ce témoignage personnel a propos des cicatrices laissées dans les 2 lignées.

Merci Sifu pour cette mise au point et ce témoignage personnel a propos des cicatrices laissées dans les 2 lignées.

Mes questions et mon sentiment.

Aller voir ailleurs pourquoi exactement ?

• Parce qu’on n’est pas trop sûr du wing chun en général ?
• Parce qu’on n’est pas convaincu par le cours qu’on suit ?
• Parce que le wing chun du voisin a l’air plus efficace ?
• Pour ajouter une corde à son arc avec une autre discipline ?

Le 1er cas est on ne peut plus simple. Rien ne nous oblige à en faire. Il suffit d’aller faire autre chose.

Le second n’est pas plus compliqué, il suffit de changer de cours.

Le 3ème n’est pas beaucoup plus complexe à mon sens mais mérite sans doute une explication pour partager mon point de vue :
avant de douter de l’efficacité de ce que nous enseigne notre maître, professeur, coach ou autre (nous pouvons l’appeler comme nous le voulons car cela peut s’appliquer à toutes les matières – je garderai celui général d’ « enseignant ») et de vouloir nous affranchir de son enseignement, il faudrait déjà juste réussir à exister (je ne parle même pas de rivaliser) avec lui sur un sparring léger (je ne parle pas de « challenger » tout à coup l’enseignant mais juste des échanges habituels au fil des cours).
Inutile d’aller plus loin généralement. Avec un bon enseignant qui maîtrise son sujet (quelqu’il soit), le doute s’arrêtera là. A quoi bon chercher le plus fort (et selon quels critères ??) si on est déjà à des années lumières de la personne qui nous transmet actuellement son savoir ? La question centrale reste quand même bien de savoir si nous avons encore quelque chose à apprendre de notre enseignant.

Le niveau de ce dernier étant établi, peut ensuite se poser la question de « sait-il me faire progresser ? ». Pas très compliqué non plus de trouver la réponse, il suffit de s’évaluer objectivement et avec honnêteté (et oui on retrouve toujours les mêmes problèmes) lorsqu’on échange avec des nouveaux ou des élèves moins avancés ou encore des amis qui pratiquent d’autres disciplines.

Pour ne parler que de notre école, je pense que tout le monde, pour avoir échangé ne serait-ce qu’en Chi Sao avec Lionel, sent bien que le fossé est énorme et qu’on est bien content que ça reste dans le registre du « léger ».
Quant à savoir si nous progressons, chacun s’évaluera, peut-être en gardant à l’esprit qu’on pourrait travailler d’avantage avant de remettre en cause les autres. Ca fonctionne avec toutes les matières normalement.

Concernant le 4ème et dernier cas, il peut effectivement être légitime pour un élève de vouloir apprendre une discipline supplémentaire.
Cependant, il est raisonnable de penser que cela puisse affecter sa relation avec son enseignant. On peut facilement imaginer (pour parler uniquement d’objectivité sans entrer dans le domaine des émotions et sentiments) celui-ci se demander comment il va pouvoir transmettre tout ce qu’il souhaite communiquer à l’élève si ce dernier doit désormais partager son temps entre différentes disciplines. Il ne me semble pas si surprenant de voir l’enseignant se tourner d’avantage vers autre élève.
A mon sens, la question qui se pose ici est celle de la transmission d’un savoir et non celle de former un combattant de MMA. Il n’y a aucun jugement de valeur, il s’agit simplement de 2 choses différentes. (Cela étant dit, j’imagine que le combattant de MMA peut maîtriser ses différentes disciplines, il aura multiplié le temps nécessaire pour chaque discipline, soit probablement du travail à plein temps).
Combien de temps pouvons-nous chacun accorder à notre (nos) disciplines(s) ?
Quelque soit le domaine choisi, que pouvons-nous espérer obtenir de notre enseignant compte tenu du temps que nous sommes prêts à consacrer pour étudier et pratiquer sa matière, du respect que nous lui montrons etc… ?
Que faisons-nous pour lui donner envie de nous donner ?
Que restera-t-il de ce savoir si personne ne consacre assez de temps pour l’apprendre et le transmettre ?

Je promets d’y réfléchir… 🙂

Sab

Salut Panit, je me permets de rebondir sur ton commentaire que je trouve super intéressant. Je laisse de côté les situations 1 à 3, car en effet, elles sont faciles à résoudre et ceux qui s’y retrouvent savent ce qu’il en est.
Je rebondis en fait sur le 4ème point, celui du temps que l’on peut consacrer à cet apprentissage, car je pense que l’on touche à un point critique. Tu as décris le point de vue de l’élève, et ce que cela m’a évoqué, c’est que nos maitres aujourd’hui, ont le même problème (Lionel pourra certainement confirmer ou pas ce point de vue). Combien de maitres aujourd’hui peuvent se permettre d’enseigner à temps plein ? Parce que des élèves qui ont envie d’apprendre, à mon sens, il y en a beaucoup, en tout cas dirons-nous, il y en a suffisamment pour occuper pas mal d’enseignants.

Mais est-ce que le maitre lui-même peut prendre le temps de former des élèves au plus haut niveau ? Quel moyen notre société offre à ces maitres exceptionnels de faire vivre leur art (en disant « exceptionnel », cela signifie que je ne parle pas de tous les nouveaux profs qui surfent sur la vague des réseaux sociaux, mais bel et bien des maitres reconnus) ?

N’allons pas chercher bien loin, nous savons tous que Lionel travaille à temps plein, qu’il se lève super tôt tous les matins et qu’il trouve encore l’énergie le lundi et jeudi soir pour venir partager son savoir avec nous. Comment dans des situations pareilles, peut-on assurer une transmission de l’ensemble de l’art ? A mon sens, il y a un gros problème à ce niveau là. La société n’offre aucun statut de reconnaissance à ces maitres, ne leur offre pas de facilité pour trouver des salles, les oblige comme nous tous à aller travailler en plus de l’enseignement.

Alors le moins que l’on puisse faire, c’est sûr, c’est de respecter ce temps qui nous est offert. Mais au delà de notre envie d’apprendre et du respect que l’on doit à Lionel, au delà du temps que nous serions prêts à libérer pour recevoir l’enseignement et assurer la transmission, une question que je me pose, c’est que peut-on faire pour aider nos maitres à nous transmettre et que cette relation maitre-élève se perpétue ? Lionel, un grand merci pour cet article qui a le mérite de nous faire beaucoup réfléchir et si tu as des idées à nous donner pour t’aider, n’hésite pas 😉

Leave a reply

Chargement...