Lionel Roulier
C’est une question qu’il me semblait intéressante de débattre car la mode du faites-le vous-même aujourd’hui est partout, mais elle n’est pas aussi récente qu’il pourrait y sembler.
Je me souviens d’un temps où j’étais jeune pratiquant de Kung Fu et certains de mes professeurs avaient leur filière dans le quartier chinois du 13eme arrondissement, qui permettait d’avoir la cassette vidéo venue de Chine ou de Hong Kong qui serait notre future base de travail.
En ce temps-là les voyages et la vue sur le monde qui nous entoure étaient plus réduits, moins accessibles.
A l’époque où j’étais compétiteur en Wu Shu, le must était d’avoir la cassette des championnats de Chine de l’année passée, afin d’être au plus proche des mouvements des champions du moment.
Mes ennemis d’hier et amis d’aujourd’hui, Ngo Tieu, Fred Evrard, Philippe Schmidt, Fabien Jambro, et moi, tous compétiteurs dans la même catégorie,passions notre temps à construire nos taos de compétition avec ces mouvements appris sur cassette afin de finir sur la plus haute marche du podium.
Mais l’époque a changé, finies la VHS, la ténacité et la patience obligatoires. Avec l’aire de l’internet, il y a une multiplication des offres et un accès immédiat à tout. En Wing Chun des lignées qui étaient non visibles sont apparues, des professeurs sont devenus maitres en un claquement de doigt, des instructeurs qui veulent démontrer leur potentiel étalent leurs compétences, des élèves souhaitant faire partager leur pratique et des personnes qui trouvent que le Wing Chun c’est nul et non efficace donnent leur avis à tout va ! Comment s’y retrouver quand on veut se servir de ces supports pour apprendre seul ?
Et oui tout cela maintenant c’est le lot commun, le bon comme le mauvais, et avant de pouvoir apprendre seul, la première chose qu’un novice doit apprendre c’est faire le tri, et pas évident quand on ne connaît pas.
Avant toute chose, ce qu’il faut savoir c’est qu’apprendre le Wing Chun seul c’est possible, car il y a énormément de travail personnel à faire pour appréhender cet art martial. J’en suis un bon exemple puisque suivant un apprentissage traditionnel à Hong Kong, chaque fois que je revenais en France je me retrouvais seul à travailler pendant plusieurs mois.
Les formes, le travail dans le vide, les déplacements, les frappes, tout cela pratiqué à mains nues ou avec des outils tels que le mannequin de bois, un sac de frappe, le cerceau Wing Chun ou autres instruments, c’est tout à fait faisable.
Ayant dû me débrouiller beaucoup tout seul dans ma pratique, j’essaie d’offrir à mes élèves un système de formation complet, multi-support, leur permettant d’évoluer dans la pratique selon leur préférence. J’ai mis aussi en place un système de formation d’instructeurs, qui permet de multiplier les sources d’information fiable, pour que les élèves trouvent facilement une réponse à leur question que ce soit lors des cours ou bien en réponse à vos questions à distance.
Si vous aimez travailler seul, ou que vous êtes loin d’un club, l’apprentissage à partir des vidéos est une solution. Dans ce cas, vous avez 3 manières de faire.
La première c’est l’autonomie, sans suivi. Là c’est la liberté totale, mais rien ne vous dit si vous êtes dans le vrai ou sur le bon chemin. Dans ce cas, attention aux blessures et aux fausses croyances. Et puis cela marche bien tant que vous avez une forte conviction et pas de problème de motivation. Par contre, l’apprentissage seul ne peut vous faire travailler les applications avec un partenaire ou le combat avec adversaire, pas de sensitivité, pas de distances variables, en un mot aucun imprévu… vous aurez un aperçu incomplet du système. Ce mode de pratique peut être intéressant sur une période restreinte (déplacement de plusieurs semaines/mois par exemple), mais pas forcément sur le long terme.
La seconde, c’est donc de trouver une personne qui veut aussi se former pour que vous puissiez travailler à deux. Cela vous permettra ainsi d’avoir un retour d’information sur ce que votre corps a vraiment appris de votre pratique solo, mais sachez que si vous et le partenaire que vous avez trouvé êtes débutants, alors vous avez pas mal de chances de vous écarter du chemin et de passer votre temps à faire du bricolage plutôt que d’avoir de vraies techniques de combat. Là encore, ce mode de pratique est très intéressant par période, mais ne devrait pas représenter 100% de votre formation.
La troisième, idéale, c’est de se lancer avec un suivi par une personne qui connaît les vidéos ou la matière sur laquelle vous allez travailler et qui pourra vous aider à corriger les défauts que vous prenez parfois, souvent sans les avoirs remarqués, les erreurs de compréhension que vous avez pu faire, et surtout, vous motiver quand vous êtes en phase de stagnation. Dans ce cas, demandez de l’aide sur le site, prenez contact avec nous, venez nous rencontrer de temps en temps à l’occasion d’un cours ou d’un stage.
Pour vous aider, vous trouverez sur le site France Wing Chun une offre de vidéos d’apprentissage (le Siu Lim Tau pour débuter, est déjà disponible, les niveaux plus avancés arriveront prochainement) ainsi que des vidéos de support de cours qui seront mises à disposition au fur et à mesure de l’année.
Si vous êtes inscrit dans un club, mais que vous souhaitez perfectionner votre pratique ou que vous ne pouvez pas être présent à tous les cours, l’apprentissage sur vidéo est plus facile car vous avez des notions, des bases, et peut s’avérer un complément idéal. Optez pour des vidéos qui seront un complément à votre pratique,des vidéos qui vous donneront de nouveaux axes de recherche (toutes les vidéos thématiques du site peuvent vous donner des idées, comme par exemple utiliser une ventouse pour travailler votre sensitivité), ou pour des vidéos de support de cours qui vous permettront de conserver en mémoire tout ce que vous voyez en cours.
Bien sûr dans tous les cas apprendre seul sur vidéos ne remplacera jamais un apprentissage avec un maître ou un professeur, mais lorsque l’on n’est pas à proximité d’une école dont le système nous intéresse,ou que notre quotidien ne nous permet pas de suivre assidument un enseignement,alors c’est un moyen de commencer sa pratique ou de la perfectionner.
Pour conserver votre motivation, adaptez vos entrainements, soyez curieux et n’hésitez pas à venir rencontrer d’autres pratiquants. Les stages notamment sont une façon très conviviale de se rencontrer autour d’une passion commune sur une thématique donnée. Ils permettent de faire le point sur un sujet, ou découvrir de nouvelles choses pour enrichir sa pratique et nourrir sa motivation. Avec France Wing Chun par exemple, vous aurez l’occasion de venir en stage plusieurs fois par an, dans différentes régions de France, alors gardez un œil sur le programme !
L’offre internet est très vaste et ne pas s’y perdre est compliqué. La facilité de cliquer sur une vidéo et de rester chez soi à s’entrainer est tentante. Quand c’est fait intelligemment, cela permet d’avancer et de toucher du doigt une discipline. Mais soyons réalistes, concernant les arts martiaux, rien ne remplacera jamais la transmission directe entre un professeur et ses élèves.
- Je profite de cet article pour passer un petit message aux adhérents de nos écoles qui ont pris les vidéos de support, mais aussi les personnes extérieures qui ont acheté nos vidéos, que le forum est là pour toutes demandes et questionnements.
Si vous souhaitez commencer le Wing Chun :
Plus de Trois heures d’explications dédié à la première forme « Siu Lim Tao » la petite idée !
Ce pack regroupe les quatre vidéos de la séries « Siu Lim Tao » !
Le « Siu Lim Tao » qui signifie la petite idée est une forme d’apprentissage qui met l’accent sur les éléments de bases nécessaire à la bonne pratique du système Wing Chun, on y apprend tous les mouvements offensifs et défensifs, mais aussi la conscience de la ligne centrale, la construction structurelle du corps avec la posture de base « Yee Dji Kim Yeung Ma » (littéralement tenir une chèvre entre ces jambes), le concept des coudes statiques, le concept de se tenir toujours de face à l’adversaire et l’idée du « Lin Siu Daï Da » attaque/défense simultanée.
Le cœur de la forme « Siu Lim Tao » étant l’ économie de mouvement, elle se pratique sur place et introduit une pratique que l’on nomme externe avec les mouvements visible (défensifs/attaques), mais aussi une pratique interne, avec un travail de respiration et de relaxation de l’ensemble de la chaîne musculo-squelettique.
C’est la raison pour laquelle cette forme est à la fois considérée comme la forme la plus simple mais aussi la plus avancée dans le système Wing Chun.