Lionel Roulier
Accepter d’échouer pour réussir
Décrocher une ceinture pour un élève et remettre cette ceinture pour un enseignant, est un acte plein de symbolisme. Pour certains élèves, passées les premières années, c’est un rêve d’accéder à la sacro-sainte ceinture noire. Combien d’enfants n’ont pas rêvé devant leurs idoles « ceinture noire » de ceci ou encore mieux « 3ème ou 6ème dan » de cela. Cette ceinture faisait rêver et témoignait d’un travail acharné et d’un niveau certain.
Aujourd’hui pourtant, être ceinture noire semble à la portée de tous. La plupart des personnes un tant soit peu assidues aux entrainements, pourront, au bout de quelques années, bien souvent moins de 10 ans voire même moins de 5 ans selon les écoles, décrocher le fameux sésame. Mais comment est-ce possible ? Comment, alors que par le passé certains consacraient leur vie, leur temps, montraient une ténacité à toute épreuve et n’arrivaient à décrocher leur ceinture qu’après bien des années, comment aujourd’hui certains à raison de 4 ou 5 heures d’entrainement hebdomadaires réussissent à en faire autant en deux à trois fois moins de temps ?
Vous voyez certainement où je veux en venir. Et oui, à l’image de ce que l’on entend aux informations toutes les semaines ou tous les mois, force est de constater que « le niveau baisse ». Pour des pratiquants de longue date comme moi, le constat est sans appel : les 3ème Dan d’aujourd’hui ne rivalisent pas avec les 1ere Dan d’hier. Alors la question qui se pose est comment en est-on arrivés là. Pour les arts martiaux, il ne faut pas le cacher, c’est l’intervention des fédérations qui a changé petit à petits les choses.
Les ceintures fédérales ont été au départ mises en place pour que les maitres d’arts martiaux envoient leurs meilleurs élèves et souvent ceux qui souhaitaient enseigner, obtenir une reconnaissance de l’état de leur niveau. Mais là où le maitre était celui qui régulait le système, il s’est retrouvé relégué au second plan, la fédération devenant ainsi le maitre de votre destin martial.
Aujourd’hui, les fédérations ont des considérations bien différentes, la survie de celle-ci étant la première. Dépendant uniquement du nombre de licenciés pour leur gestion et l’acquisition de subventions, la conséquence est de mettre des programmes uniformes, simple à juger pour l’ensemble des disciplines.
Prenons l’exemple du wing chun. Pour passer sa ceinture noire fédérale, la présentation de 2 formes est demandée, accompagnée de quelques applications. Pour vous qui êtes en train d’apprendre le wing chun, j’imagine que cela doit vous choquer. Imaginez pouvoir être « diplomé » d’une ceinture noire juste en connaissant le Cham Kiu ! Cela n’a évidemment aucun sens et est même néfaste pour l’art martial.
Mais ce paradoxe à été créé parce que l’on sait par les données statistiques, qu’un pratiquant lambda ne reste que trois à quatre ans. Il faut donc par obligation le motiver au moment où il va partir par une méga carotte afin de le retenir.
On pourrait se dire revenons à l’ancienne mode et redonnons sa place au professeur, au maitre, car lui est intègre et n’a pas perdu les valeurs des arts martiaux, il ne va pas encourager ses élèves à se présenter avec un tel niveau s’ils ne le méritent pas. Ainsi, lorsque les élèves se présenteront avec l’aval de leur professeur, ils n’auront pas vraiment de difficulté à repartir avec le précieux sésame et auront le niveau.
Oui, mais cela est sans compter sur la concurrence féroce que se livrent les écoles en dehors des kwoon ou des tatamis. Car tout comme les fédérations, le plus gros combat est en dehors, il s’agit tout simplement de réussir à maintenir son école. Pour cela, il faut pouvoir se défendre face aux mairies et autres administrations en montrant que l’on peut participer au rayonnement de la commune. Et un moyen qui fonctionne bien est d’arriver en disant « dans mon école, il y a X ceintures noires », « je forme X nouvelles ceintures noires tous les ans, c’est bon pour l’image de la ville », et ainsi de suite. De cette manière, subventions, salles municipales, infrastructure, tout devient plus facile. Oui, mais qu’en est-il des arts martiaux ?
Aux vues de ces critères, de ces besoins qui ont changé, on voit bien que revenir en arrière n’est plus possible, et serait inefficace. Il faut donc se réinventer. C’est pour cela que j’ai dans mon école, petit à petit, pris le parti de modifier le système de grade, et que je me suis mis dans une fédération assez ouverte afin de mettre ce système en place.
Malgré tout, en tant que professeur, la remise des ceintures, le passage des grades me plonge dans un dilemme à multiples facettes, combinaison de l’attente technique, du système de récompense pour encourager l’élève et faire vivre l’école, et de cette dose inexplicable de vie qui montre que l’élève devient l’art martial.
Pour vous qui me connaissez, vous savez certainement que dans la section où j’enseigne, il n’y a pas de ceintures de niveaux. Cela parait étonnant vu que l’ensemble des autres sections France Wing Chun se plient à l’exercice à ma demande. Alors avant toute chose, sachez que l’intérêt de ces ceintures, notamment celles de couleur, est d’assurer à l’ensemble des sections un enseignement de qualité, cadré et relativement homogène. Forcément étant le fondateur de l’école, je n’ai pas réellement besoin de m’accrocher à un programme pour savoir où j’emmène les élèves.
Mais en disant cela, vous vous doutez bien que l’explication reste incomplète, et puis cela n’empêcherait pas d’organiser les passages des 1eres Dan que je suis le seul à faire passer.
Alors pourquoi tant de réticences devant un évènement que les élèves pour certains espèrent ou attendent.
Comme je disais avant, un passage de grade, quel qu’il soit, représente à mes yeux 3 choses. Les deux premières sont assez simples. Il s’agit en premier lieu d’un niveau technique et en second lieu d’un système de récompense/encouragement. OK, rien de bien compliqué. Ceinture orange, il faut présenter le Cham Kiu et quelques applications. Si l’élève fait correctement son travail, il devrait logiquement décrocher sa ceinture. Mais là commence mon dilemme. La logique, l’obligation presque, à remettre sa ceinture à un élève qui se présente à l’examen. Car aujourd’hui, l’heure est à l’éducation positive. On ne réprimande pas, on ne fait pas redoubler. On encourage. On souligne tout ce qui est bien et on laisse de côté ce qui est moins bien. Et qu’on le veuille ou non, cela est vrai dans les arts martiaux.
Prenons un exemple. Si l’élève fait « bien » sa forme (exemple le Cham Kiu), mais que dans le même temps il commet un certain nombre d’erreurs au cours d’autres exercices, sur des notions abordées par le passé (par exemple, la ligne centrale du Siu Lim). Que faire ? Lui remettre sa ceinture, ou bien ne pas lui remettre et l’encourager à retourner travailler son Siu Lim ? Pour certains élèves, il n’y aura aucun mal à admettre que oui, ils ont un peu laissé tomber le Siu Lim pour se concentrer sur le Cham Kiu et ils retourneront travailler avec humilité. Mais pour d’autres, ce sera un coup d’arrêt à leur pratique. Pourquoi on ne leur remet pas leur ceinture ? Ils sont venus aux entrainements, ils ont fait ce qui était demandé pour la ceinture, etc. Ces élèves-là, fort à parier qu’ils ne feront plus partie des rangs à la rentrée suivante, par colère ou découragement. C’est dommage à la fois pour eux, et aussi pour l’école.
Mais pourtant une ceinture n’est qu’une étape dans la formation. Et qui dit étape, dit que tout ce qui s’est passé avant n’a pas disparu et est indispensable à la progression ! Vous m’entendez souvent dire qu’il faut passer sur chaque forme un minimum de trois fois, avoir fait tout le système entièrement au moins trois fois pour pouvoir prétendre commencer à comprendre le système Wing Chun. Alors est-ce que lorsqu’une ceinture verte est remise, cette ceinture représentant le Siu Lim Tau, vous pensez que cela signifie que l’élève « maîtrise » le Siu Lim Tau ? Bien évidemment que non. Alors que veut dire remettre une ceinture verte Siu Lim Tau ? Vous voyez ici apparaitre mon deuxième dilemme. Si l’élève qui reçoit la ceinture pense avoir compris la forme, et passe à la suivante sans se poser plus de questions, alors la ceinture fait plus de mal que de bien. Cela devient juste une carotte, l’élève peut être va travailler « pour la ceinture ». C’est un moyen comme un autre de motiver les gens, mais à partir du moment où la motivation s’arrête lorsqu’il n’y a plus de carotte, comment faire pour continuer. Il faudrait créer un nombre bien plus grand de ceintures, une ceinture noire et verte, puis noire et orange, et ainsi de suite…
Revenons à la ceinture noire, car celle-ci reste particulière aux yeux de beaucoup. Suivant cette idée que nous venons de discuter, une part non négligeable de pratiquants considèrent la ceinture noire comme un objectif. Sauf qu’en réalité, la ceinture noire n’est que le début de l’apprentissage. Les bases sont là (les bases, pas la maîtrise), et l’élève a vu une première fois une partie du système. Logiquement, il a également montré au cours des années des valeurs humaines qui seront reconnues au travers de cette ceinture. C’est donc à ce stade que l’engagement mutuel entre l’élève et le professeur prend une dimension totalement différente. C’est à ce stade aussi que la relation entre l’élève et son art martial doit évoluer. Cette ceinture est porteuse de lourdes responsabilités !
Vient le troisième dilemme, le plus compliqué à expliquer, et pourtant celui qui me parait fondamental. Un pratiquant doit vivre son art. Et cela doit se sentir dans chacun de ses gestes. Bien entendu, un débutant qui découvre chaque mouvement ne mettra pas la même intention dans son geste, mais au fur et à mesure de l’expérience, des grades, des ceintures, il ne devrait plus être possible de voir un élève faire « pour faire » ou faire avec une intention totalement divergente. Et pourtant, cela arrive.
Cela sera facilement pardonné au début de la formation. Mais quand, lors d’une cérémonie de passage de 1ere Duan, nous, en tant que professeurs, voyons des élèves qui ne vivent pas leur art de la « bonne manière », ne mettent aucune vie ou pas les intentions que l’on attend d’eux dans ce qu’ils font, cela devient difficile de remettre cette ceinture.
Mais là encore, comment dire à un élève qui partage votre passion, qui vient s’entrainer auprès de vous depuis plusieurs années, qui vient de se plier à « l’exercice » du passage de grade en réalisant parfaitement ou presque les techniques demandées, que vous n’allez pas lui remettre sa ceinture, sur un critère qui peut sembler purement subjectif. Je n’ai pas trouvé la réponse à cette question.
Pour cette raison, ceux qui ont reçu leur ceinture le savent, ceux qui ont échoué à l’examen ne le savent pas. Certainement qu’ils l’ont compris avec le temps, mais je n’ai pas réussi à aller les voir pour leur expliquer une chose qui me parait inexplicable. Qu’on peut être une ceinture noire en n’étant pas le meilleur technicien du monde parce qu’on « transpire » l’art martial, qu’on se l’approprie, qu’on y met ce que l’on est. Et qu’on peut au contraire être un technicien brillant, assidu, carré, qui ne mérite pas encore une ceinture, car il manque « ce petit quelquechose », qui fera que progresser vers les stades suivants sera difficile.
En vous expliquant ceci aujourd’hui, je tente de vous faire comprendre qu’une ceinture, et plus que tout, une ceinture noire, n’est pas juste une récompense. C’est un symbole de ce que vous faites, ce que vous représentez, ce que vous êtes. C’est une étape sur un chemin, qui ne fait rien d’autre que vous montrer que le chemin ne fait que commencer. Ne pas décrocher sa ceinture ne veut pas dire qu’on ne sera pas, un jour, un excellent pratiquant.
Cela veut juste dire que pour l’instant, avant d’aller plus loin, il serait mieux de renforcer les bases, trouver sa place et exprimer qui l’on est au niveau où l’on est.
A ce jour je n’ai pas fait repasser de grades, en proie à ces dilemmes, ne voulant ni décourager les élèves si jamais ils devaient échouer, ni les faire fuir devant l’apparente difficulté à mériter ces ceintures dans mon école, au risque de faire du mal à l’école, et par-dessus tout ne voulant pas entrer dans le jeu pervers qui a fait perdre inlassablement le niveau lié à chaque ceinture dans toutes les disciplines martiales du monde.
La contrepartie, c’est que certains pourtant bien avancés dans leur formation, vont arrêter, perdus, ne sachant pas du tout où ils en sont, ni s’ils sont sur la bonne voie et vont se sentir découragés, abandonnés dans leur progression.
Alors remettre des ceintures à leur juste valeur, ce qui peut se traduire par un nombre bien moins important d’élèves « récompensés » mais un niveau certain, au risque de décourager ceux qui n’arriveront pas à décrocher le grade, c’est ce que mon système de valeur me dicte.
« Distribuer » plus facilement les ceintures quitte à ce qu’elles ne veuillent plus dire grand-chose mais en s’en servant juste de système d’encouragement pour que les élèves continuent avec plein d’enthousiasme, c’est ce que la part occidentale en moi reconnait qu’il faudrait faire.
Ne plus faire de ceintures du tout et rester en dehors du système pour s’accorder une paix de l’esprit au risque que l’école disparaisse car les jeunes générations auront bien du mal à avancer sans récompense, c’est ma formation asiatique qui parle.
Ou trouver un intermédiaire improbable entre tout cela, voilà le dilemme d’un professeur aujourd’hui, voilà mon dilemme.
Superbe article encore une fois, merci beaucoup pour cette réflexion 🙂
Je voulais juste rajouter 2 points. Le 1er, c’est mon vécu de pratiquant vis à vis de ces ceintures. Il y a 2 ou 3 ans de cela, passer une ceinture m’aurait aidé à avoir confiance en moi à un moment où je doutais de mon « niveau ». Il a fallu que je trouve les ressources toute seule pour continuer, faire confiance au système, et voir ce qui allait se passer. Sans doute que ce travail aura été utile pour moi. D’un autre côté, si j’avais retrouvé confiance plus vite, peut être que j’aurais travaillé mieux. Certains n’ont pas besoin de cela pour avoir confiance en eux. Ils savent où ils en sont ou bien s’en moquent, et je les admire. Mais je ne fais pas partie de ceux-là. Je doute, souvent. Et même si une ceinture n’est pas grand chose, cela peut être un support à sa confiance. Aujourd’hui ce besoin d’avoir une ceinture pour me rassurer est passé et j’ai réussi à continuer sans cela. Mais je comprends totalement la référence à ces élèves qui ont pu se sentir perdus au point d’arrêter car ce n’est pas toujours facile d’avancer dans le flou pendant plusieurs années.
Mon 2ème point, c’était l’importance des ceintures pour l’imaginaire collectif et peut être pour promouvoir notre art. Il m’arrive de parler du wing chun autour de moi, comme beaucoup d’entre nous j’imagine. Et pour ceux qui ne connaissent pas bien les arts martiaux chinois, l’une des premières questions est inlassablement « tu as quelle ceinture » ou a minima « tu as quel niveau ». Evidemment si je réponds je suis au niveau «Biu Jee » par exemple, ce que j’obtiens ce sont des yeux tout ronds, et parfois le désintérêt se manifeste soit par des plaisanteries sur les noms chinois, soit par un simple « ah ouais, connais pas », car cela ne répond à aucune référence qu’ils connaissent. J’imagine (peut être à tort) que si je disais « je suis ceinture « couleur », l’écoute serait peut être différente. D’ailleurs, faisant des recrutements pour le boulot, j’ai même vu des personnes faire référence à leur ceinture noire dans leur CV, et mine de rien pour mes collègues non pratiquants, ça leur inspire une sorte de respect, ça ne passe jamais inaperçu en tout cas.
Alors si les ceintures noires du club, quand elles parlent du wing chun, arrivent à intéresser quelques curieux parce qu’on les prend au sérieux, ou si lors d’une démonstration il y a 4 ou 5 ceintures noires qui se pointent autour de leur maître et que ça met des étoiles dans les yeux des jeunes (ou moins jeunes :), je me dis que cela peut être un bienfait pour les arts traditionnels, non ?
Bonjour Sabrina,
Merci pour ton commentaire, Je suis d’accord avec toi sur les deux points, pour le premier il est vrai qu’avoir quelque chose qui montre que tu avance dans le bon sens et une bonne motivation, et comme tu le décris parfois un élément nécessaire pour se rassurer et avancer plus sereinement, en confiance. Cela me fait penser a quelques choses que tu dois connaitre au vu de ton apprentissage dans la médecine traditionnel chinoise, c’est la notion de qui est la personne. Il me semble que cartographié vraiment qui est l’élève et sur quel chemin il doit allez et important. Merci cela m’a donné une idées, sur comment donné un retour plus pointu à l’élève qui passe son niveau 😉
Sur le deuxième point, c’est vrai que les personnes qui ne connaissent pas un art ce raccroche a ce qu’il croient en connaitre, quand tu va au Louvre voir la Mona Lisa, ce qui fait dire qu’elle est importante c’est qu’elle est dans le plus beau musée et dans le plus belle écrin 🙂
C’est assez marrant car je parlais du précédent article avec ma sœur inscrite dans la section 60 avec moi et nous en sommes venu à parler des ceintures.
Concernant le ( faux ) st graal, la ceinture noire pour moi elle signifie “bravo Bobby tu as vu et tu connais les bases d’un système qui vont te permettre de le maîtriser mais tu n’y es pas encore.”
À titre perso, j’ai eu une belle leçon d’humilité dans une de mes anciennes pratique qui a été très dure à avaler surtout à mon âge de l’époque et elle a façonné ma pratique et mon rapport avec les ceintures.
Ce rapport qui fait que mon ego ne souffre absolument pas si on me dit tu ne peux accéder à cette ceinture je me dis juste que je suis l’élève et par conséquent si l’instructeur ne me donne pas la ceinture c’est que il reste du travail.
Mais même cet échec m’aide à me donner une indication sur l’appréciation de mon niveau.
En réalité c’est pas d’une ceinture dont j’ai besoin, mais d’une sorte “d’examen” régulier qui me permet de faire le point sur l’avancée de ma pratique ( oui c’est le principe du passage de grade mais sans la ceinture ).
Une évaluation personnalisée, où on va me dire “Cette partie c’est bien, l’autre partie un peu moins il faut la travailler. Continue comme ça.”
Plus que la ceinture, la reconnaissance de l’instructeur sur le savoir acquis, le travail effectué et restant à fournir ont plus de valeur à mes yeux que une couleur.
Salut Célian,
Merci pour ton commentaire, cela me conforte dans mon idée que le système actuel a un manque lors du retour d’information après le passage de niveau, je vais je pense mettre quelque chose en place pour apporter ce besoin d’indication qui montre la voie a suivre.
Que ces réflexions sont encore pleines de sagesse, mais aussi de tristesse. Car Jadis, peut-être, tout était plus simple. Mais pleurer Jadis est inutile. Il faut regarder le futur ou tout au moins le présent. Le niveau baisse, c’est factuel, l’éducation « positive » n’apporte de positivisme que dans son nom.
A force de faire des compromis, on se compromet et on perd de vue l’essentiel ou plutôt l’essence de l’art et du mouvement et de son intention. Je suis moi aussi d’accord.
En revanche, il y a un point qu’il me semble peut-être intéressant de soulever : on voit bien que la ceinture est un problème de communication entre les différents interlocuteurs, et ce, de façon bi-directionnelle:
Elève <-> Maitre : Problème de reconnaissance de l’engagement, de la fidélité, du travail et du fait de vivre l’art martial…
Elève <-> Non pratiquants : “tu as quelle ceinture ?” …
Maitre <-> Fédération : “mon école produit x ceintures noires par an” …
Je ne prétends pas détenir les réponses sur tous ces problèmes de perception/communication mais je pense toutefois qu’il y a aussi un autre axe : la finalité de l’obtention de la ceinture, et là, comme nous sommes en occident, il se pose un problème : pour ouvrir son école, un élève doit avoir sa ceinture noire, or, il peut l’avoir même s’il n’est pas carré techniquement, du moment qu’il vit l’art : que va-t-il transmettre alors ? Il me semble que la ceinture noire doit aussi représenter la capacité de transmettre et partant, le pratiquant sait (enfin, normalement) que la noire ne marque pas la fin mais au contraire le début de son cheminement, donc il ne devrait pas relâcher ses efforts s’il veut vraiment marcher sur la voie martiale. En outre, le système est cumulatif : les concepts abordés au début servent à la fondation des suivants : on ne va donc pas construire le toit sur des fondations en sable : par exemple : si Siu Lim n’est pas maitrisé lors de l’examen de Biu Jee, ben, échec de Biu Jee et retravailler Siu Lim, il n’y a rien de choquant là-dedans je trouve. Si l’élève ne comprend pas cela, il n’avait pas vraiment sa place à ce niveau de l’art car sa compréhension n’est pas au niveau de son expertise gestuelle.
La ceinture noire représenterait alors une forme de “moyenne” entre la capacité à transmettre, la maitrise technique, le souffle, la vie que le pratiquant met dans son art. Evidemment, on ne partira pas sur du 33% chaque (quoique… ), mais c’est une idée.
Et oui, le problème de moyenner, nous y revoilà. On brade le niveau, mais on règle un autre problème : la transmission et donc acceptons le compromis, car la solution parfaite, au regard des contraintes extérieures modernes, ne me semble pas possible : Si pour avoir la noire il faut et maitriser le système, devenir le système, le passer 3 fois, et savoir le transmettre, alors, en effet, les écoles ne pourront pas fleurir et l’art risque de se dessécher, n’étant plus alimenté de forces vives et jeunes et de nouveauté. Mais ce n’est que mon avis, et peut-être fais-je fausse route.
En ce qui concerne les élèves découragés par l’absence de carotte, c’est bien dommage, mais le “level-up”, c’est dans les jeux vidéo, ou pour les enfants pas dans les arts martiaux pour adultes. En revanche, avoir un feedback, des axes de travail (dédicace au commentaire e dessus ;)) , ça oui, c’est important, je suis d’accord afin de ne pas se sentir abandonné, d’avoir l’impression qu’on est là pour faire vivre le club, avoir des licenses, des budgets, et faire monter des p’tits nouveaux (ce que font certains clubs, hélàs)
Salut Charly,
Merci pour ton commentaire, comme toujours tu pars sur des axes philo qui vont loin et montre bien la complexité des individus en relation avec l’ambiance culturelle actuel 😉
Je ne sais pas trop quoi répondre car là aussi dans ton commentaire tu poses de nouveau questionnements 🙂
Bonjour,
Comme vous le savez j’ai pratiquer pendant plusieurs années l’aïkido. Il y a comme partout des passages de grades.
Lors des passages, étant adolescent, il vrai que se moment est assez symbolique et que j’avais une certaine fierté a recevoir cette ceinture.
Cela m’a apporté quelque chose, étant de nature timide cela m’a permis de me présenter seul devant les autres et à eu
un aspect positif, mais un peu stressant..
J’ai vu certain se faire refuser leur ceinture, manque technique, ou de sérieux au cours. Ça fait plus de 25 ans je ne sais pas si ça se ferait encore.
Avec les années je n’ai plus voulu aller au passage de grade, pas par manque de motivation mais j’avais trouver autre chose. Tandis que d’autre comme moi passais leur ceinture j’ai gardé la mienne et continué à progresser.
Ma récompenses pour mon travaille nétait plus une ceinture mais lors de stage comme nous avons en wing chun.
Pouvoir travailler avec des plus gradé qui au vu de mes connaissances me corrigeaient et continuaient à me faire progresser.
Je ne sais pas si cela pourras t’aider à régler ton dilemme.
Bonjour Livio,
Merci pour ton commentaire 🙂
Je comprends le désintérêts que tu a eu pour les grades qui il est vrai plus on avance en age deviennent moins nécessaire. mais c’est là ou justement il devrait devenir quelque chose d’autre pour continuer a nous orienter sur la voie de l’art martial. Tu n’a peut être pas régler mon dilemme mais avoir les retours de chacun me montre la aussi un chemin a prendre pour évoluer 😉