Questions des élèves – Grand, petit, costaud ou chétif, le Wing Chun est-il adapté pour moi ?
– L’élève
Si je suis particulièrement grand, petit, costaud ou chétif, le Wing Chun est-il adapté pour moi ? La morphologie a-t’elle une influence sur la façon de pratiquer ?
– Le professeur
La morphologie d’un individu n’a pas d’influence sur son Wing Chun, mais la morphologie de son partenaire en a une grande !
Lorsque l’on pratique seul, on va prendre se baser sur notre propre morphologie : être grand ou petit ne changera rien au fait que nos mouvements soient placés sur la ligne centrale, ou sur les hauteurs correspondantes à notre propre taille.
Dès lors que je pratique avec un adversaire, je vais être forcément en interaction avec sa morphologie.
S’il est plus grand ou plus petit que moi, mes mouvements vont devoir s’adapter à lui, ce qui peut avoir pour effet de me déstructurer.
Il faut avoir deux points de vue lorsque l’on pratique à deux:
Le premier est d’avoir un partenaire de sa taille, voire de même poids.
Cela permet de correctement placer sa structure et d’ancrer celle-ci afin que cela devienne une attitude naturelle.
Mon maitre Chow Tse Chun était le partenaire d’entrainement préféré de Ip Man pour cette raison.
Il lui demandait souvent de rester après la classe, car il était le reflet du physique de Ip Man : même taille, même poids.
Ip Man cherchait à se retrouver face à lui même.
Ce physique lui a permis d’avoir une relation privilégiée avec le maître.
Une fois que l’on a vraiment bien intégré sa propre morphologie, on va entrer dans le deuxième point de vue où l’on peut choisir des adversaires plus grands ou plus petits, plus ou moins costauds et faire évoluer sa propre structure jusqu’à ses limites.
Vous l’aurez compris, pratiquer avec un partenaire de morphologie similaire va permettre de développer l’ensemble des techniques du système, construire des bases solides et permettre d’évoluer avec une certaine stabilité.
Pratiquer avec un partenaire qui n’a pas le même physique va permettre de découvrir et repousser ses propres limites, de s’obliger à s’adapter.
Tel le Yin et le Yang, les deux voies sont indissociables.
– L’élève
Le partenaire est donc vu soit comme un reflet de soi, soit au contraire comme un autre, et ces ressemblances/différences se retrouvent dans d’autres aspects : psychologie, stratégie, niveau technique …
Dans cette optique, quels sont les objectifs lorsqu’on pratique seul chez soi, uniquement avec son professeur, ou encore dans un cours collectif ?
Peut-on se passer de l’un des trois types de pratique ?
– Le professeur
Les objectifs de tout type de pratique sont bien sûr d’évoluer et d’optimiser ses performances.
Lorsque l’on travail seul, les maîtres mots seront sensation et introspection : étant seul face à soi-même, il faut devenir le spectateur et en même temps le conducteur de sa pratique.
La difficulté de travailler seul est que l’on ne sait pas toujours quoi faire, ou que l’on fait toujours la même chose, ce qui entraine lassitude et démotivation.
Savoir s’observer et s’analyser permet de trouver les choses que l’on a besoin d’améliorer, ensuite on peut mettre en place un entrainement afin d’obtenir des résultats.
Lorsque l’on travaille uniquement avec le professeur c’est plus simple car cette partie d’analyse et de mise en place d’exercices permettant d’atteindre nos objectifs est fixée par lui et il n’y a donc plus qu’à suivre la planification.
L’autre avantage est que le professeur ayant de l’expérience, il passe souvent par des chemins auquels on n’aurait pas pensé pour ancrer plus facilement et profondément ce que l’on va optimiser.
Un cours collectif quant à lui est plus général, car il est fait pour s’adapter au plus grand nombre.
On va pouvoir se laisser porter par l’ambiance, se défouler et s’extérioriser.
Les trois chemins de pratique sont pour ma part indissociables, comme dans la philosophie du Yin/Yang : le travail seul serait le côté Yin, le cours collectif le coté Yang, et le cours avec le professeur étant l’équilibre, ces trois aspects formant un tout.
