Lionel Roulier
Mon art de combat est-il supérieur aux autres ?
Cela fait 40 ans que je pratique les arts martiaux et cette question a toujours été présente dans les écoles d’arts martiaux et de sport de combat. Avant c’était un pseudo combat entre écoles de la même discipline pour savoir qui de l’une ou de l’autre était meilleure.
Dans ces duels, il restait toutefois l’idée de comprendre et comparer afin de prendre le meilleur de chaque école, faire évoluer sa pratique. Mais aujourd’hui les discussions sont souvent biaisées par l’image de compétition et de domination qui règne dans notre société. Dans ce genre de débat, forcément, il doit y avoir un vainqueur !
Il n’y a pas longtemps je regardais une vidéo où des pratiquants de Wing Chun avaient une discussion et balançaient un tas d’arguments pour s’assurer (se rassurer ??) dans l’idée que le Wing Chun est efficace. Pourquoi a-t-on besoin de se rassurer ? Tout simplement car aujourd’hui, un challenger de taille a pris la lumière et occupe l’espace médiatique, c’est bien sûr le MMA. Alors dans cette vidéo, toutes les idées étaient basées sur un mode de comparaison visant le MMA.
C’est assez marrant car les arguments employés étaient les mêmes que ceux que j’entends depuis la création des arts martiaux mixés. En fait les pratiquants de Wing Chun tiennent à différencier la nature du terrain de confrontation, et à rapporter à ce qu’il est possible ou pas de faire sur ce même terrain. Du coup les arguments sont toujours les mêmes : « un vrai combat de rue, tu peux piquer aux yeux ou briser le genou de l’adversaire », « on ne compare pas la vérité de la rue et un échange sur le ring ».
Bien entendu à ces explications, en réponse dans les commentaires, un grand nombre de pratiquants de MMA se sont défendus à leur tour en argumentant que les pratiquants de Wing Chun se cachaient derrière leurs soi-disant techniques mortelles pour se justifier de ne pas aller sur le ring.
Je vais m’excuser auprès de tout le monde mais ceux qui me connaissent bien, savent que je suis partisan du neutre et de l’équilibre, je pense que chaque camp a tort et raison à la fois !
Du côté des pratiquants de Wing Chun, ils ont raison car il est vrai que si dans un combat de rue j’arrive à crever un œil ou à fracturer un os, peu importe le gabarit de mon adversaire, il est bien évident que j’aurais un réel avantage à finir ce combat par ma victoire.
Sauf que ça n’est pas si évident que cela d’aller à cette limite. Et oui il est facile de dire que l’on puisse crever un œil, ou briser un genou mais le faire réellement pose deux problèmes. Le premier, c’est que c’est dur à faire ! Combien d’entre vous savent ce que cela fait de crever un œil, combien ont eu l’occasion d’essayer ? Et par-dessus tout cela, combien seraient prêts à le faire en termes de conscience ? Idem pour le genou, le corps humain est beaucoup plus solide qu’on ne l’imagine, et autant abimer un genou en attaquant les tendons semble faisable, autant imaginer briser un genou, c’est du rêve. Alors si vous tentez ce genre de choses, vous n’avez pas intérêt à vous louper sous peine d’énerver encore plus votre adversaire. Le deuxième problème, c’est la loi qui elle n’admet pas que l’on estropie ou tue son prochain. Il suffit de lire la loi sur la légitime défense pour voir que l’on a le droit d’arriver à ces choses seulement quand l’autre a cette même intention, difficile à justifier d’avoir crevé un œil s’il voulait juste vous mettre un coup de poing.
Ensuite, beaucoup de pratiquants de Wing Chun non expérimentés ont un tort, c’est de penser que le MMA se pratique dans un ring : non, il se pratique dans une arène ! Une arène est un lieu où l’on se bat avec ses trippes et où la charge émotionnelle est peut-être aussi forte que lors d’une bagarre dans la rue. Alors au jeu de la confrontation, le pratiquant de MMA sera sans doute mieux préparé que le pratiquant de Wing Chun, il ne faut pas le nier.
Là où les deux ont tort par contre, c’est de croire qu’être un bon pratiquant fait de vous un bon combattant.
Je vais prendre mon expérience personnelle pour étayer mon propos. Lors d’un séjour en Irlande à l’âge de 18 ans, je m’étais battu avec un gars. A l’époque je ne faisais pas encore de Wing Chun mais j’avais mon passé de judoka et de pratiquant de Kung Fu. J’avoue que tout se passait super bien pour moi, je le frappais coup de poing coup de pied, je dominais ce combat. Et puis tout à coup, le gars me marche sur le pied au moment où mon corps faisait une rotation et là j’entends un « crac » : fracture tibia/péroné… je peux vous dire qu’après cela c’est lui qui avait le dessus et m’a bien mis la misère. Bien évidemment le gars ne l’a pas fait exprès mais cela lui a donné un réel avantage et il l’a exploité.
Alors de cette expérience j’ai compris une chose, indépendamment de la technique de mon adversaire, j’aurais pu gagner, mais l’erreur que j’ai faite a été de me mettre à penser comme un pratiquant : ayant l’ascendant j’ai commencé à jouer comme je jouais pendant les cours avec mes frères d’armes, ce fut mon erreur de me retrouver mentalement dans un ring. J’ai voulu faire un coup de pied retourné au visage, technique bien trop présomptueuse pour la situation et j’en ai payé les frais. Je suis convaincu que si j’étais resté à des choses simples et que j’avais gardé ma concentration comme on doit l’avoir dans une arène, jamais il n’aurait pu me mettre en défaut. Et cela ne dépend pas du tout de l’art ou du sport que vous pratiquez, cela ne dépend que de vous.
Alors si on continue dans l’argumentaire des pratiquants de Wing Chun, penser que si nous n’avons plus à disposition nos techniques dites « mortelles », nous ne pourrons plus être efficaces car dans cette arène on doit mettre des gants, ou on est restreint à cause des règles, c’est débile et complètement réducteur. Imaginez dans la rue que l’adversaire porte des lunettes et hop, plus de piques aux yeux, l’adversaire est de profil et hop, plus de frappes aux parties. Il ne faut vraiment pas oublier que les soi-disant frappes mortelles ne sont pas si faciles à mettre en place et que l’on se retrouve plus souvent à balancer des patates que de faire une pique des doigts.
La base d’un art martial est avant tout d’apprendre à se défendre, se battre et cela peu importent le lieu, les règles et l’environnement dans lequel on est ! Les objectifs de l’art martial Wing Chun sont justement d’apprendre à s’adapter dans l’ensemble des cas qui se présentent. Il faut penser un art martial, et particulièrement le Wing Chun en tant qu’art d’adaptation.
Regardez dans le film Ip Man 2, on en a une illustration : Ip Man est dans le ring avec le boxeur. D’un coup les règles changent et on lui enlève des techniques qui lui permettent de conserver un avantage face à un adversaire plus grand, plus fort. Alors bien sûr retirer ces possibilités change la donne, mais cela ne doit pas changer l’idée que l’on peut toujours gagner le combat. Le mental doit prendre le dessus, l’émotionnel doit être maîtrisé, et le physique doit appliquer ce qu’il sait faire. Pas la peine de chercher des techniques compliquées, les techniques les plus simples sont souvent les plus efficaces.
Pour terminer du côté des pratiquants de Wing Chun, il faut bien admettre une chose, c’est que la plupart aujourd’hui ne sont tout simplement plus formés à aller se battre et particulièrement dans une arène de MMA ! Et qu’à l’idée d’aller se confronter aux montagnes de muscles que sont devenus les pratiquants de MMA, bien peu trouvent tout simplement le courage d’y aller.
Bien sûr en disant tout cela vous pourriez penser que le MMA a gagné le match. Mais regardons de beaucoup plus près. MMA veut dire Mixed Martial Arts ou arts martiaux mixés. Le point de départ du MMA vient donc de la recherche de pratiquants d’arts martiaux à intégrer ce qu’ils avaient de meilleur ou de plus efficace dans leur art et de l’adapter au combat dans l’octogone, un combat avec des règles qui permettent d’aller loin mais pas aussi loin qu’un affrontement où l’on risque sa vie.
Ce que les pratiquants de MMA oublient donc avant toute chose, c’est que sans ces arts martiaux traditionnels qu’ils décrient tant et dont ils se moquent avec délectation, et bien le MMA n’existerait même pas ! Les arts martiaux ont donné les techniques de pied-poing, de projection et de lutte au sol afin que le MMA se développe et devienne un sport de combat performant.
Pourtant aujourd’hui, beaucoup de pratiquant de MMA (et là, attention je ne mets pas tout le monde dans le même panier tout comme les pratiquants de Wing Chun), se limitent aux trois coups de poing de base de la boxe, aux trois ou quatre coups de pied de base des arts martiaux, et la même chose dans les clés, les projections, etc… les pratiquants d’aujourd’hui appliquent telle ou telle technique sans même rechercher d’où cela vient, comment le mouvement a été construit, dans quel but. Ils perdent la force des racines qui ont dessiné leur sport !
La force du MMA quand il est arrivé, était de démontrer que qui que l’on soit, et quel que soit l’adversaire, on peut s’en sortir si on a compris l’avantage de chaque art martial. La famille Gracie pratiquant le Ju Jitsu brésilien a créé l’UFC, pour montrer que dans un combat sans limite de temps, sans trop de règles (celle de ne pas tuer son adversaire étant la principale) un pratiquant plus petit, moins fort peut quand même soumettre son adversaire. Depuis, des règles se sont additionnées et maintenant il y a des temps précis, des façons de faire et un coté spectacle qu’il ne faut pas nier.
Il faut accepter aussi que cela a modifié la conception du MMA et que bien sûr, tous ces changements vont désavantager les techniques et stratégies des pratiquants d’arts martiaux et avantager le coté boxe explosive et puissante du pratiquant de MMA. Il n’y a qu’à regarder le physique des pratiquants de MMA pour comprendre que la puissance brute est encouragée là où les pratiquants d’arts martiaux ont généralement une recherche totalement à l’opposé. Alors il devient facile pour un pratiquant de MMA de « défier » un pratiquant de Wing Chun en l’amenant sur son terrain de jeu, et en se présentant avec 20 ou 30kg de plus. Maintenant, imaginons un combat où au démarrage de l’échange, il n’y a pas de protections, les deux opposants sont avec les avants bras au contact, à la distance de combat du pratiquant de Wing Chun et que celui-ci a en effet le droit de déployer toutes ses techniques incluant les frappes aux « parties molles » sans réfléchir. Tout à coup la configuration change un peu.
Mon but ici n’est pas de continuer à mettre en opposition ces deux camps, mais de montrer tout ce qu’ils peuvent gagner l’un l’autre afin de s’améliorer, dans l’idée de pratiquants souhaitant aller au combat. Je n’irais pas jusqu’à dire que Bruce Lee est le père des arts martiaux mixés, mais je pense qu’il y a deux choses à retenir de ce qu’il disait.
La première, je la dirais au camp du Wing Chun : « quand on parle de combat, il est mieux d’entrainer chaque partie de ton corps car on ne joue plus ». Et oui, les pseudos croyances de la technique qui va me sortir de la merde, il faut oublier. Il faut être logique, on peut faire son tao pendant dix ans, si on ne le met pas en application dans de vraies actions non codifiées, on ne sait pas se battre, c’est tout. De même, si on ne fait que des enchainements préparés avec son partenaire, et bien on ne sait pas si le corps a réellement absorbé les idées. En Wing Chun le Chi Sao est là pour nous permettre de voir si les techniques sont assimilées, mais il faut admettre qu’à aucun moment il ne permet de se tester comme dans une bonne bagarre. Alors aux pratiquants de Wing Chun qui veulent progresser en combat, je dirais qu’il faut faire comme les pratiquants de MMA et aller tester leur pratique. Le faire de manière intelligente, mais aller tester face à d’autres pratiquants et d’autres disciplines puis revenir s’entrainer en ajoutant ce qui leur manque.
Force est de constater aujourd’hui que peu d’écoles continuent à intégrer le côté martial/combat dans leur formation. Sous prétexte que l’on pratique un art martial, pas la peine de se prendre pour un combattant si on n’a jamais été se confronter à d’autres ou si on a un cardio qui nous permet de tenir moins d’une minute avant de nous écrouler.
Ensuite je dirais aux pratiquants de Wing Chun de ne jamais oublier que leur art est un art de combat, qui a été conçu pour le pseudo champ de bataille qu’est la rue. Ils doivent comprendre que peu importent les conditions du combat, ils se doivent de trouver les ressources pour se défendre. Alors piques aux yeux autorisées ou pas, l’excuse n’est pas là.
La seconde phrase de Bruce Lee, pour les pratiquants de MMA cette fois, serait la maxime de son Jeet Kun Do: « prends ce qui est utile et rejette l’inutile ». Là aussi, la seule croyance que la force et le cardio vont être décisifs n’est pas vraie. Les meilleurs pratiquants de MMA sont de redoutables pratiquants d’arts martiaux qui ont compris d’où viennent leurs techniques et sont allés approfondir leur formation dans tel ou tel art. Alors les jeunes pratiquants devraient garder l’esprit ouvert pour prendre tout ce qui peut servir. Cela signifie ne rejeter l’inutile (un art martial traditionnel qui leur parait folklorique par exemple) que quand ils l’ont testé et éprouvé, et ne pas rester sur leurs croyances basées sur trois vidéos youtube.
Les arts martiaux, et en particulier le Wing Chun, sont des systèmes d’apprentissage, ils sont basés sur des concepts, pas sur des techniques précises. Ne pas les regarder comme tel et n’en voir que l’image des techniques est dommageable. Par exemple le coup de poing Wing Chun en ligne droite est souvent vu par tous comme inutile et infaisable. Très bien. Maintenant prenez l’idée qu’il dégage. Une ligne droite entre votre axe central et celui de votre adversaire. En utilisant ce principe, vous gagnez en performance même en étant moins rapide que votre adversaire (si vous n’êtes pas convaincus, regardez sur le net l’acteur Michael Jai White expliquer l’avantage d’utiliser cette ligne centrale au pratiquant de MMA Kimbo). Si vous gardez l’esprit ouvert, vous avez une nouvelle arme terrifique pour votre pratique. Le mannequin de bois est un outil de formation, pas une technique. Se moquer des pratiquants de Wing Chun qui s’entrainent sur cet outil sans même comprendre à quoi il peut servir fait passer à côté de nombreux potentiels.
Si ces arts martiaux traditionnels étaient aussi inutiles, pourquoi certains grands combattants de MMA ont trouvé intéressant d’intégrer certains de leurs concepts à leur pratique ? Seuls ceux qui vont chercher dans un esprit d’ouverture et l’envie d’apprendre trouveront les trésors qui leurs seront utiles. Prenez l’exemple de Anderson Silva qui a parfaitement intégré l’idée du Boang Sao du Wing Chun dans sa pratique. Toute technique nouvelle est un avantage face à ceux qui ne la connaissent pas.
Dans les deux camps dénigrer sans réflexion ne sert à rien. Avant de se faire des combats de commentaires stériles sur les réseaux sociaux, il ne faut pas oublier l’objectif derrière la pratique du MMA ou d’un art martial. Le pratiquant d’art martial, souvent, s’engage sur un chemin long, progressif, qui suit le pratiquant à la mesure de son évolution physique et de son vieillissement. C’est un choix de vie. L’objectif martial n’est pas nécessairement le plus important pour chaque pratiquant. Le but est de trouver son meilleur soi.
Le MMA en revanche est un sport qui forme à entrer dans une arène, à se confronter, à se battre, le but c’est d’être le meilleur face à l’autre. Mais il se pratique essentiellement quand on est jeune et fort, puis on l’abandonne quand le corps ne suit plus pour revenir à des pratiques plus « douces ».
Alors pourquoi essayer de comparer des choses non comparables ?
Le MMA est fondé sur les arts martiaux traditionnels. Si ceux-ci disparaissent, le MMA n’aura plus de matière. Lorsque tous les pratiquants de MMA feront la même chose, la discipline sera au plus puissant ou au plus rapide et puis perdra tout intérêt. Quant aux arts martiaux, ils doivent accepter qu’aujourd’hui, ils ont parfois un peu oublié leur côté martial. S’inspirer à nouveau de la vitalité du MMA ne leur ferait pas de mal.
Comme en toute chose, apprendre de l’autre rend plus fort. Les grands champions du MMA, les maîtres en art martiaux l’ont bien compris et n’ont aucun besoin de justifier du bienfondé de leur pratique. Quand on est un pratiquant lambda, on veut avoir raison et se rassurer du choix de l’art de combat qu’on a choisi et c’est bien normal, mais partons du prérequis que ce que l’on fait n’est jamais suffisant et nous aurons tout à y gagner.
Allez plus loin dans votre pratique -->
Le Jook Dji Huen « Cerceau Wing Chun »
Voici un moyen simple et efficace de travailler seul votre pratique du Wing Chun !
Le « jook Dji Huen » est un élément incontournable dans la vie du pratiquant de Wing Chun, à l’image du mannequin de bois, il est essentiel afin de pratiquer seul.
Dans cette vidéo, trouver plus de 25 exercices basés sur l’ensemble des mouvements Wing Chun qui vont améliorer vos techniques, votre dextérité, votre sensitivité au contact et votre Chi Sao.
Chaque exercice est expliqué et détaillé, cela va vous permettre d’avoir un maximum d’idées pour la création de vos entrainements.
Tout d’abord, Merci Lionel d’avoir pris le temps de rédiger cette analyse qui, en bien moins complète, me trottait dans la tête depuis un moment. Si je puis me permettre, tu es resté très concentré sur l’objet du débat mais pas assez sur un autre point, qui hélas, est pour beaucoup responsable de cet état de fait, je veux parler de cette nouvelle mode de non-pensée. Appelons-la Réseaux sociaux s’il faut la nommer, mais avant tout, elle traduit une certaine bassesse de l’âme humaine : l’absence de respect pour un individu, pour une discipline, pour son investissement. La fainéantise de comprendre ce qu’il travaille (il est con de tourner en rond et de frapper dans le vide ??), chose que l’on ne dira jamais d’un boxeur qui fait du shadow boxing car le travail est bcp plus explicite, donc lisible, donc compréhensible donc non moquable.
La mesquinerie et la méchanceté, la facilité de se moquer depuis derrière un clavier pour des gens qui sont docteur es-critique, capables d’analyser un combat, une discipline, alors que leur seul bagage martial réel s’arrête à Dragon Ball pour certains (pas tous, je précise).
Jadis, (enfin, peut-être dans ma vision fantasmée du passé), quand on ne connaissait pas un mot, on le cherchait dans le dictionnaire. Aujourd’hui, si on ne connaît pas, on juge, on regarde des vidéos You-Tube et on affirme son Opinion (notez la majuscule). Qu’importe que ce soit inexact, faux, etc, peu importe, l’important est de hurler avec les loups (même si de loup, on n’a que le p comme « pleutre ».)
Oui, il est vrai que les combattants de MMA ont un excellent physique, alliant, force, vitesse, souplesse, technique etc etc. C’est le résultat d’un travail acharné, il ne faut pas le nier. A l’opposé, le pratiquant d’arts martiaux tradi, va plus souvent (pas tous, là encore, méfions-nous des généralités, si commodes) mettre l’accent sur la technique, la santé, le développement intérieur, la pureté et la grâce du geste, alors de façon surprenante, les efforts n’étant pas faits dans la même direction, on obtient des résultats différents : quelle surprise en effet.
Par ailleurs, dans l’entrainement, il y a aussi le mental : celui du guerrier, du prédateur, de celui qui est prêt à se faire infliger des dégâts car il sait qu’il va en infliger plus. Qui honnêtement aujourd’hui travaille cette dimension (non, les keyboard warrior ne sont pas invités à répondre) ? Donc là encore, celui qui a ce mental bénéficie d’un avantage indéniable sur l’autre : qui s’entraîne dans cette optique ? On le montre bien au cinéma dans l’entrainement des héros (Creed, Rocky…) : ce point de rupture, de souffrance absolue : mais dans la vraie vie ? désolé, je ne vais plus dans le rouge dans mes trainings depuis une paire d’années, je le confesse.
Ne nions pas non plus que certains pratiquants d’arts martiaux tradi, dont le WC, étaient insuffisamment préparés physiquement lorsqu’ils sont allés affronter des combattants MMA : c’est vrai. Mais, en ce qui me concerne, j’ai rarement vu de Wing Chun chez les pratiquants de Wing Chun vaincus : ah, l’argument élimé, je vais donc l’expliciter un peu.
Le wing chun est une boxe, un point (poing ? ) qui selon moi, ne ressort jamais de ces échanges : prise de distance, jeu de jambes, positionnement par rapport à l’autre, enchainements autres que le chain punch, autres que le one shot (un coup de pied/poing unique), prise d’initiative. On voit souvent un gars rigide, attendre les coups, les bras raides devant lui. (on occultera la dimension travail au sol pour simplifier la discussion) idéalement, en Yi Djee Kim yeung ma. En gros, il fait le sac de frappe. Et si le WC appliqué consistait en autre chose ? Comme tu le dis, le WC est un art de concepts, pas de techniques.
Donc, autant il faut un dictionnaire pour connaitre les mots et les règles de grammaire, autant ce ne sera pas suffisant pour écrire une prose. Il va falloir pratiquer, critiquer, confronter, échouer etc. Et bien, considérons le WC comme ce recueil de règles/concepts, et appliquons-les dans des échanges et voyons voir ce qui passe pour ma bio-mécanique par rapport à celle de mon adversaire/partenaire et inversement. Analysons, épurons, recommençons. Or ce travail, comme tu le dis aussi, est manquant pour beaucoup, pour diverses raisons ; conséquemment, le résultat en est, là aussi, prévisible.
Enfin, réfléchissons deux minutes : un pratiquant de Wing Chun qui se muscle, fait du cardio, travaille autant ses déplacements que son explosivité, qui fait du sparring, se confronte aux autres : pourquoi serait-il plus mauvais qu’un combattant de MMA ou de boxe anglaise ou thai ? Là, d’un simple point de vue logique, je sèche….
Bref, je suis content de t’avoir lu et d’avoir pu échanger mon point de vue avec plus grand que moi
Merci encore pour ton article.
Salut Charly,
Merci pour ton commentaire 🙂
Je suis bien d’accord avec ta conclusion, peut importe le style c’est le pratiquant qui se forge et se réalise 😉