Blog
  • Main page

Cultiver son Art – 1ere partie niveau individuel

01.07.2021

Cultiver son Art

Introduction

 

On dit souvent que les arts martiaux sont formidables pour apprendre à avoir confiance en soi, qu’ils permettent d’acquérir une meilleure concentration et tout un tas de bénéfices pour le corps qui vont améliorer le stress, la nervosité, etc. L’apprentissage des arts martiaux a aussi la spécificité de vous apprendre à gérer des situations critiques qui peuvent aller jusqu’à l’agression, la bagarre.

 

Bon, si l’on regarde tout cela de plus près, la pratique d’un sport apporte en fait tous les bienfaits cités précédemment, mis à part le fait qu’un sport ne vous apprendra pas à vous défendre en cas d’agression. Quoi que si on a appris à courir, là aussi ce dernier argument ne tient plus, car la fuite peut être la meilleure solution dans une situation de conflit, et puis des sports comme la boxe ou le « MMA » peuvent aisément remplir cette fonction.

 

Alors qu’apporte vraiment l’art martial, où est le réel intérêt de se lancer dans leur pratique ?

I/ Le sport et l’art martial, quelles différences ?

 

Ne le cachons pas, bien souvent lorsque l’on commence la pratique martiale, une grande partie de l’entrainement est basé sur la pratique sportive, on va travailler sur l’ensemble de son corps et donc retrouver l’ensemble des bienfaits qu’un jogging ou qu’un cours de yoga pourrait avoir sur le corps.

 

Vous connaissez par cœur les dictats : le sport permet de mieux se sentir, de ressentir son corps, de développer sa masse musculaire, son souffle, son système cardiovasculaire et de libérer l’esprit permettant moins de nervosité et de stress. Le sport c’est tout bénef pour son bien être !

 

C’est pour toutes ces raisons que les arts martiaux prennent en charge aussi le développement corporel.

 

Vous pratiquez le taekwondo, vous allez en fait faire un grand nombre d’assouplissements tel que vous feriez dans des cours de stretching. Vous faites du judo vous allez soulever vos partenaires tel un haltérophile qui soulève des poids. En Wing Chun, le gainage, la posture sont au cœur du système tel le travail des gymnastes avant qu’ils puissent se lancer dans leurs acrobaties.

 

On peut dire que le pratiquant de Wing Chun des premières heures, est en fait un sportif comme un autre. On travaille les formes pour préparer le corps puis on se met à travailler à deux par des exercices codifiés puis plus on avance, plus on rentre dans le « Chi Sao » et le « sparring ».

 

Les apports corporels seront bien sûr différents en fonction de ce que l’on pratique, un art comme le Wing Chun ne sera pas le meilleur si vous voulez courir un marathon, mais il sera très efficace pour acquérir de l’explosivité et de la puissance, un rythme intense et court, comme si vous vouliez faire du fractionné.

 

Mais attention penser qu’avec le Wing Chun on ne puisse pas être endurant serait réducteur, car cela dépendra la façon dont on pratique dans l’école. Je me souviens lors de ma pratique à Hong Kong faire du Chi Sao pendant plus de quatre heures d’affilée, ce qui tient vraiment d’un marathon.

 

De plus, pas mal d’arts martiaux sont devenus arts de compétition, ce qui a modifié leurs exigences dans certains domaines, coté cardio notamment, et donc cette évolution permet aux compétiteurs d’être plus endurants. Ces compétitions ont aussi fait passer l’idée première des arts martiaux où l’on apprenait à se battre pour tuer ou blesser l’adversaire, à une simple idée de marquer des points pour gagner, reléguant ainsi les arts martiaux pris sous ce prisme de la compétition à des sports à part entière.

 

Bien sûr les pratiquants les plus traditionaliste vous diront que cela dénature l’art martial, mais il faut admettre qu’en temps de paix, ce genre de compétitions permet quand même de se mettre dans une situation où l’on va pouvoir se tester un minima et pouvoir découvrir ce que l’on vaut dans une confrontation, même si cette confrontation reste cadrée. D’ailleurs beaucoup d’écoles pratiquent cette forme de combat cadré dans leurs cours.

 

Mais alors, si la pratique corporelle entre le sport et l’art martial ne diffèrent pas vraiment, bien entendu nous pouvons aller sur le terrain de la discipline martiale. On entend partout « les arts martiaux sont des écoles de discipline où l’on apprend à respecter le professeur, ses partenaires, le dojo » et puis il y a des codes, des usages, nous enfilons notre tenue de pratique, nous saluons la salle, nos partenaires, etc…

 

Mais en fait ces pratiques se retrouvent aussi dans le sport, alors la différence n’est pas vraiment là non plus. Et si la vraie différence était surtout dans une certaine vision de pratique.

II/ La vision des arts martiaux

 

a) cultiver son arbre en pot, l’étape du pragmatisme

 

De nos jours, notre corps est souvent comparé à un moyen de locomotion qui va nous aider à traverser notre chemin de vie. Ce véhicule nous permet de bouger et de nous déplacer et comme tout véhicule, pour faire un long chemin, il faut qu’il soit entretenu et digne de faire des kilomètres.

 

Le sport devient le moyen de s’y préparer et même d’y faire les contrôles techniques d’usage.

 

Cette image de véhicule est due à l’industrialisation et surtout l’ingénierie qui ont pris le pouvoir par leurs idées. Cela d’ailleurs amène les génies de la high tech à nous imaginer comme cet objet, et cela  nous pousse à nous façonner au niveau de « la carrosserie » en ayant les muscles parfaitement dessinés telles les lignes aérodynamiques de ces voitures. Et ils amènent l’idée que dans un futur proche nos pièces internes (autrefois appelées organes) pourront être remplacées ou changées.

 

Bien sur ce culte du corps n’est pas une mauvaise chose s’il conduit au bien être, mais il en va même de l’esprit où maintenant lorsque l’on demande à une personne de changer sa façon de penser on va lui dire qu’il faut qu’elle change de logiciel.

 

Dans le sport souvent, l’objectif premier sera la performance et l’amélioration de ses capacités sur ledit sport : un coureur de fond aura pour objectif l’amélioration de son temps sur le chronomètre. Le pratiquant de boxe aura comme objectif de gagner ses matchs sur le ring.

 

Cette pratique sportive a donc une limite évidente qui est celle de ce corps qui sur le chemin, va nous faire comprendre que certaines choses ne peuvent plus être faites ou plus aussi intensément. Ainsi l’âge va nous faire arrêter ou changer de sport par déception de nos performances ou recherche d’autres critères.

 

C’est là où les arts martiaux ne suivent pas du tout ce courant. Cette façon de voir par le prisme d’objets non organiques n’a pas cours dans les arts martiaux, qui eux sont restés sur des dogmes plus anciens où la nature était l’exemple. Dans les arts martiaux l’objectif sera l’amélioration de son être à chaque période de sa vie, et comprendre ce qui peut nous faire durer dans ce que l’on fait (ce que l’on est).

 

D’ailleurs, si on vous parle d’un maître en arts martiaux, quelle image vous vient en premier ? Bien souvent, on pense à un vieux monsieur, barbu, asiatique, une figure de sage. Cela montre bien que le déclin n’existe pas dans la pensée commune pour le pratiquant d’arts martiaux.

 

Mais pour en arriver là, il va falloir réussir à durer. Dans les arts martiaux, on voit le corps et soi comme un arbre à cultiver. Repensez à cette fameuse image des films des années 80, où le vieux maitre s’occupe de son jardin et notamment de ses bonsaïs. En Wing Chun, et particulièrement dans notre lignée c’est l’image du saule pleureur qui est couramment utilisée.

 

Pourquoi l’arbre ?

 

Même si vous n’êtes pas doué pour le jardinage, vous savez qu’il ne suffit pas de planter un arbre pour qu’il pousse et devienne majestueux. Un minimum de connaissances et de soins sont nécessaires.

 

Alors vous allez imaginer votre arbre du Wing Chun. Lorsque quelqu’un démarre l’apprentissage du Wing Chun, bien souvent il est adulte, c’est-à-dire qu’il a déjà pris une forme.

 

La première chose qui va être faite, c’est de mettre cet arbre ou arbuste dans un pot, pas trop grand, et de lui mettre un bon terreau pour qu’il puisse s’adapter au milieu où vous le plantez. Dans le Wing Chun, les formes (les taos) sont ce terreau.

 

Si les racines de l’arbre (c’est-à-dire vous, votre corps, votre esprit) prennent les nutriments qui se cachent dans le terreau, vos racines vont devenir résistantes, efficaces, et l’arbre que vous êtes va grandir et grossir de manière harmonieuse! En d’autres termes, si vous travaillez correctement les Tao, votre corps va s’aligner, votre pensée avec, vous allez apprendre ou réapprendre à bouger, etc…

 

Jusque-là pas de grande différence avec le sport et certaines de ses valeurs.

 

C’est une fois que l’arbre atteint une belle taille que les choses changent.

 

Ce qu’il faut savoir, c’est que les arbres ont une tendance naturelle à distribuer davantage de croissance vers le sommet de l’arbre et la périphérie, c’est ce qui est appelé la « dominance apicale ». Ce mécanisme naturel encourage les arbres à pousser plus haut pour se prémunir de la concurrence d’autres arbres et éviter de se retrouver à l’ombre. Je pense que cela vous rappelle une certaine ressemblance avec le sport et l’importance d’atteindre les sommets.

 

Le souci, c’est qu’en concentrant toute l’énergie vers le sommet et la périphérie des branches, les branches intérieures et basses ne seront plus alimentées et vont finalement dépérir, alors que les branches supérieures poussent hors de toute proportion.

 

Ici il faut comprendre le sommet et la périphérie de l’arbre comme ce que l’on montre au monde extérieur. Pour prendre un exemple plus parlant, ce serait « faire les formes » juste pour les faire, en tentant de les rendre proches d’une image que l’on se fait de telle ou telle forme, mais sans comprendre le fond : pourquoi tel mouvement, pourquoi telle hauteur…

 

On se rend bien compte rapidement que cette stratégie, si elle est importante au démarrage pour prendre de l’ampleur, ne peut pas tenir bien longtemps : l’arbre ainsi conçu va plier au premier coup de vent car il ne sera pas solide.

 

Pour éviter cet écueil tout en soutenant la croissance de l’arbre, il faut régulièrement amener des nutriments dans le pot, et on le sait aussi, il faut régulièrement rempoter l’arbre, mais pas trop vite non plus. Contrairement à ce que l’on croit, utiliser un pot vraiment plus grand n’a rien de bénéfique et risque de tuer l’arbre : trop d’informations, trop de nutriments en d’autres termes, et les racines s’asphyxient.

 

Les racines sont bien évidemment un élément indispensable et la difficulté pour un arbre maintenu en pot (un débutant), c’est de contrôler la bonne alimentation d’une part et une trop grande propension à prendre tout et n’importe quoi d’autre part.

 

Pour la bonne alimentation, il suffira d’apporter les bons nutriments au bon moment : tout d’abord on va mettre le Siu Lim Tau dans le terreau. Lorsque les racines ont pris ce qu’il fallait, la terre s’épuise. Il est alors temps de passer dans un pot un petit peu plus grand et on ajoute le Cham Kiu. Tout à coup l’arbre reprend sa croissance de plus belle. Et ainsi de suite avec chaque étape de l’apprentissage.

 

Pour l’autre problématique, il va falloir assez rapidement faire des tailles aussi bien dans les racines lorsque l’arbre montre des signes de déclin ou lorsqu’il commence à se soulever de son pot, que dans le feuillage quand il est trop lourd d’un côté ou trop gourmand pour les racines. Ce sont les élèves qui papillonnent à droite à gauche et posent mille questions piochées dans les vidéos de ceci ou cela, sans laisser la place au Wing Chun. Ce sont aussi les élèves qui arrivent avec plein d’idées préconçues, issues de leur passé ou de leurs aspirations.

 

Dans ce cas-là, c’est radical, il faut couper les brindilles avant qu’elles prennent de l’ampleur (pour les connaisseurs, c’est le principe de couper les « gourmands » des plants de tomate), ou contraindre les racines pour qu’elles ne prennent que les nutriments utiles. Cela peut paraitre un peu violent, mais il est préférable de tailler les racines d’un arbre lorsqu’il est en pleine santé que de prendre le risque de voir le bonsaï mourir un peu plus tard en ne faisant rien.

 

b) Faire grandir son arbre en pleine terre : du pragmatique au physiologique

 

C’est avec toutes ces idées que le pratiquant d’arts martiaux doit évoluer, car sinon s’il reste sur l’idée d’expansion continue, que cela soit vers les sommets (l’externe : la performance à tout prix, la recherche du regard de soi ou des autres, etc..) ou vers la recherche interne (l’interne : devenir pointilleux, hyper spécialisé, etc..), cela va petit à petit détériorer une partie de ce qui a été construit au fil de la pratique.

 

Ainsi, dans toute la première partie de son apprentissage, l’arbre représentant le débutant va passer dans des pots de plus en plus grands dans lesquels on ajoute les nutriments et tous les aliments utiles, de manière entourée et encadrée, et cet arbre en devenir va grandir.

 

Pour être plus concret, je vais prendre exemple sur ce que je fais : cette première période où l’on se rapproche du sport en termes de formation et d’attitude, je la nomme période pragmatique. Souvent l’élève doit faire ce qu’on lui dit et pas autre chose (en tant qu’arbre en devenir, il est contraint dans son pot et doit se nourrir de ce qu’on lui donne), c’est un travail avec assez peu de liberté.

 

Les maitres chinois vont souvent associer cette période avec le carré, qui est l’image de la boite où l’on s’enferme : il faut explorer et connaitre parfaitement cette boite pour ne pas devenir fou. Pour ma part je dis étape pragmatique car cette période permet aussi de distiller les clés du système Wing Chun d’une manière très terre à terre et concrète.

 

On s’aperçoit aussi au fil du temps que le corps et l’esprit sont liés, et ne vont pas à la même vitesse d’apprentissage. Se donner des barrières et travailler sous des angles très précis permet d’harmoniser les deux.

 

Mais cette période ne va durer qu’un temps, et tôt ou tard, l’élève va atteindre les limites de cette phase et va devoir changer quelques éléments pour trouver un intérêt à poursuivre sa formation.

 

La deuxième période, est ce que je nomme période Physiologique. Les maitres chinois connectent cette période avec le rond. C’est un travail beaucoup plus ouvert et empreint de recherche personnelle. Pour reprendre notre arbre, c’est le moment où il est temps de passer en pleine terre. C’est souvent qu’on est arrivé à cette croisée des chemins où l’art martial pratiqué en tant que sport n’arrive plus à donner ce que le pratiquant espère trouver. Le pratiquant se sent contraint dans sa pratique et on lui redonne de l’air.

 

Pendant de nombreuses années, on a travaillé d’une certaine manière, on a mis ceci ou cela du Siu Lim Tau, ceci ou cela du Biu Jee, par petites touches, pour ne pas que les racines débordent du pot. Tout à coup, tout est remis en cause. Là où il y avait des limites établies, les frontières s’ouvrent et vous pouvez déployer vos racines et vos branches dans toutes les directions de manière à vous épanouir pleinement.

 

On pourrait croire que c’est un moment un peu magique ! Mais pourtant, pour des pratiquants avancés il y a souvent cette question qui vient à ce moment, c’est : le Wing Chun cela m’amène où ?

 

Cela se produit souvent au bout d’une petite dizaine d’années de pratique. La sensation d’un plafond de verre où quoi que l’on fasse, on a l’impression de ne plus évoluer, avancer, que tous les efforts ne paient plus comme avant. Mais oui, car passer d’un pot bien confortable, où on a ses habitudes, à une terre à laquelle on doit se ré-adapter totalement n’est pas si simple. Cette terre est à la fois beaucoup plus riche car bien plus vaste, mais beaucoup moins concentrée car on ne vient pas l’enrichir constamment par des nutriments prédéfinis. Il faut du coup chercher l’information utile, explorer, et voir ce qui se passe pour nous, à un niveau individuel. Là on doit apprendre à s’étoffer en harmonie, rechercher ce qui nous convient le mieux, lâcher le cadre sans l’oublier et prendre dans la terre ce qui va nous aider. On doit apprendre à tenir debout tout seul. C’est à ce moment là aussi, que l’on va pouvoir voir si nos racines, notre tronc, nos branches, si tout ce que l’on a construit est cohérent.

 

Dans un premier temps, ça peut être l’occasion de découvrir de nouvelles choses, comme le travail des armes qui est motivant et peut donner l’envie d’aller dans cette direction. Et puis petit à petit on se rend compte que des directions il y en a plein, et le doute peut s’installer. La liberté ainsi offerte a un côté grisant tout autant qu’effrayant.

 

A nouveau à cette période, faire quelques coupes peut s’avérer nécessaire pour ne pas qu’une partie de l’arbre soit trop (dé)favorisée au détriment d’autres parties. Mais les coupes sont nettement moins évidentes, puisque la croissance se fait de manière individuelle, il n’y a pas un modèle préconçu à atteindre. Il faut tester et voir si telle ou telle nouvelle manière de faire nous est bénéfique ou non et surtout ne jamais hésiter à revenir en arrière si tel n’est pas le cas.

 

Bien entendu à ce stade, le maître qui enseigne est encore plus important, car lui a une vision globale de cet arbre que vous êtes en train de cultiver. Il peut vous aiguiller sur certaines voies ou vous suggérer de moins faire ceci ou cela. A vous de suivre ses conseils ou non. A vous de partager avec lui vos ressentis.

 

c) Continuer à entretenir son arbre

 

Mais attention, à ce stade bien souvent les choses peuvent basculer. Si vous avez été en forêt, vous avez sans doute déjà observé des troncs d’arbres coupés, qui semblaient rongés de l’intérieur. Vous avez sans doute déjà été surpris en ville, de voir le choix des professionnels de couper tel ou tel arbre, alors que celui-ci semblait resplendissant de l’extérieur, en vous expliquant qu’en réalité il était déjà mort de l’intérieur, littéralement « pourri de l’intérieur ».

 

Et bien il se passe régulièrement la même chose chez certains élèves, à un certain stade d’évolution. La croissance s’est bien passée, les bases étaient solides, et puis tout à coup un évènement ou un changement d’attitude, va venir tout pervertir.

 

Cela peut être un élève qui arrête de croire en son maître ou qui commence à douter, et qui va tout remettre en cause sans cesse, ou même s’arrêter de pratiquer. Cela peut être un élève qui se pensant d’un « bon » niveau, cesse de s’entrainer et vit sur des acquis qui peu à peu s’effacent. Dans ces deux cas, pour reprendre l’image de l’arbre, c’est un arbre qui s’assèche et ça n’est pas facile de récupérer une telle situation.

 

Cela peut aussi être un élève qui se perd un peu en faisant autre chose en parallèle, et qui ne parvient pas à choisir sa base. Résultat, plutôt qu’enrichir sa nouvelle pratique avec ses bases de wing chun et par ricochet continuer à enrichir sa pratique du wing chun, cet élève vient pervertir son wing chun avec la nouvelle pratique. L’arbre dans ce cas commence à pourrir de l’intérieur et la progression va s’arrêter.

 

Pour les autres élèves, le chemin ne fera que commencer et ils pourront s’étoffer dans les trois dimensions.  Pour un arbre cela seront des racines profondes, un feuillage resplendissant, et des branches solides et souples à la fois. Pour l’élève, ce sera une progression sur ses trois plans d’existence : physique, émotionnel et spirituel. Le premier aura appris à s’adapter et à s’écouter pour rester opérationnel à sa mesure, le second aura appris à se réguler, le troisième ainsi soutenu aura toutes les clés pour se développer sans arrêt.

III/ Conclusion

 

Vous me connaissez, tout fonctionne par trois ! Après le pragmatisme et le physiologique, la troisième période d’apprentissage est ce que je nomme la période stratégique, les chinois disent période de réalisation. C’est souvent à ce moment que le pratiquant et le style ont fusionné pour donner quelque chose d’unique. Je n’irai pas plus loin sur ce sujet, mais si cela vous intéresse, dites-le-moi, ce sera peut-être un futur article, qui sait !

 

Cultiver son arbre passe par des étapes clés, beaucoup de patience, d’exploration et d’écoute. Il n’y a pas de fin à ce chemin, les arbres qui savent vivre au rythme de la nature et puiser tout ce qu’il leur faut autour d’eux vivent longtemps, très longtemps et deviennent de plus en plus majestueux. Mais bien sûr cela ne marche que si l’on fait un bout de chemin assez long.

 

Voilà ce qu’apporte l’art martial : un chemin de vie, une méthode pour se remettre en question et avancer en sachant trouver ce qui est le mieux pour soi dans la pratique mais aussi dans la vie.

Lionel Roulier


Allez plus loin dans votre pratique -->

author: Lionel Roulier

Comment
0

Leave a reply

Chargement...