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La tradition Wing Chun épisode 4

26.09.2019

Lionel Roulier

Les discussions actuelles et les traités écrits sur l’entraînement aux arts martiaux considèrent souvent les termes «style» et «système» comme interchangeables, sans pour autant être synonymes.

 

Un style est une forme distinctive et identifiable en tant qu’expression artistique possédant des caractéristiques propres à l’artiste.

 

En revanche, un système est une combinaison d’éléments étroitement liés organisés dans un ensemble complexe qui produit des résultats bien supérieurs à la somme mathématique de ses parties individuelles.

 

Un style pourrait aussi être un système, mais pour la plupart, ils ne le sont pas. Ils reflètent certains des attributs d’un système, mais ne sont pas complets.

 

Un système complet est un système qui adhère à tout moment à une philosophie cohérente donnant des applications de combat pratiques, des méthodologies d’entraînement pratiques et une science complète avec des principes, des concepts, des stratégies et des tactiques qui ne permettent pas de déterminer le résultat d’un engagement par hasard.

 

Tous les aspects d’un système complet doivent être cohérents avec tous les autres. La philosophie d’un système est ce qui motive cette cohérence.

 

En ayant dit cela je vous invite à réfléchir sur le fait que Bruce Lee disait dans son interview au Pierre Berton show en 1971 qu’il ne croyait plus au style qui emprisonnait le pratiquant, ce qui était assez surprenant, étant lui-même l’inventeur du style de Kung Fu JeetKune Do.

 

Je vous laisse méditer là-dessus et n’hésitez pas à laissez votre réflexion dans les commentaires.

 

Dans cette partie de la chanson, on nous donne des instructions à suivre dans le combat pour permettre une bonne cohérence entre notre partie théorique et notre partie pratique. Il faut donc voir dans ces phrases des instructions pratiques.

 

Se servir des coups à distance pour se rapprocher; avancer en un temps pour assurer votre position.

 

Cette phrase doit permettre de nous faire réfléchir à la notion de distance.

 

Nous travaillons en Wing Chun à une certaine distance de combat, mais on sait bien que cette distance ne sera pas forcement celle de départ de la bagarre.

 

On nous dit ici comment venir chercher cette distance et une fois atteinte, comment en conserver les avantages.

 

Pour soutenir cette instruction pratique nous utiliserons bien entendu l’ensemble du système de pas, les « To Bo »pas glissés, le« Biu Bo » pas pénétrant, l’ensemble des pas vus dans les armes, ainsi que la méthode Lin SiuDai Da, etc.

 

Il y aussi avec la fin de la phrase« avancer en un temps pour assurer votre position » une relation à une autre maxime du Wing Chun qui est :

 

3 actions sont précédées d’un seul son, rapport aux actions de mains et de pieds qui doivent se faire le plus simultanément possible afin de ne pas donner à l’adversaire une lecture de vous trop facile et d’être le plus incisif possible.

 

Conserver la main qui arrive et renvoyer en arrière la main qui recule, une main relâchée doit être suivie d’une poussée franche vers l’avant.

 

Cette phrase fait sens avec la maxime Wing Chun « Loi lao Oïl Song Lat Sao Djik Tchong »

 

Je tiens à préciser que je n’écris pas les termes chinois en pinyin mais tout simplement en phonétique, de la manière dont j’entends la prononciation du cantonnais. Alors si vous faites vos recherches sur internet ne soyez pas étonnés de trouver d’autres écritures.

 

Cette maxime très connue du Wing Chun découle de cette phrase de la chanson, et elle dit : dévie ce qui te pousse, suis ce qui te tire et frappe quand il n’y a rien.

 

Le but ici est de faire prendre conscience que l’on doit toujours être attentif à ce qui arrive, suivre ce qui recule ou qui fuit et, si l’adversaire relâche son attention ou sa garde, ou qu’il laisse le champ libre, aller d’une manière rapide et franche tout droit vers lui.

 

On pourrait aussi y voir l’idée de coller « Chi » que l’on retrouve dans notre exercice « Chi Sao », les mains collantes, même si il est dit aussi qu’en Wing Chun on chasse le centre et non les mains.

 

Aller vers l’avant, obstruer, bloquer et se tordre, passer au dessus, arrêter, couler, pousser, coller, absorber et repousser permet de contenir la ruse et l’incertain.

 

Cette phrase donne beaucoup d’indications, la première serait d’être toujours dans l’action.

 

On ne laisse pas l’ennemi faire le combat, c’est nous qui construisons pas à pas et l’ennemi suit le mouvement. Je ne compte plus le nombre de fois où maitre Fok Chiu me disait : « joue avec l’adversaire ou c’est lui qui se jouera de toi » et de rajouter : « sois le chat pas la proie ».

 

Le chat joue avec sa proie afin qu’elle ne sache plus comment agir et après il décide de ce qu’il va en faire.

 

Ce qui est intéressant ensuite est de voir que l’on parle de direction et qu’en fonction de cette direction il y a des actions que l’on doit faire. On entre ici dans la partie que je nomme partie stratégique du Système Wing Chun.

 

Ici la phrase nous indique que si on va vers l’avant, on doit obstruer le passage qui est bien sûr un rappel à la protection de la ligne centrale où l’on couvre et empêche l’adversaire d’aller vers notre centre, on obstrue ou on bloque le passage, et au pire on se tord (changement de position) pour obéir à cette doctrine.

 

Passer au dessus, nous parlons ici de pratique et non de technique théorique, il est important de se dire que nos mots sont souvent moins expressifs que les caractères chinois.

 

Ici passer au dessus est plus une symbolique, celle d’être au dessus de l’adversaire, en fait le terme adapté pour nous serait : dominer.

 

La suite de la phrase indique ce qu’il faut être/faire afin de dominer, et que si on domine, l’adversaire ne peut plus utiliser des pièges (ruse et feintes) car il doit avant tout se protéger.

 

Chaque point de cette théorie doit être parfaitement clair. Chaque technique doit être claire.

 

Les 3 premières phrases de cette partie de la chanson résonnent comme des instructions, les deux dernières phrases comme des avertissements afin de prendre très au sérieux ce qui a été mentionné.

 

Dans cette phrase,  « chaque point de cette théorie » signifie que le pratiquant doit avoir compris et assimilé les trois premières phrases qui sont le soutien pragmatique dans un combat. « Chaque technique doit être claire » permet de faire le lien avec le souci d’efficacité.

 

Pour respecter ces instructions pratiques dans le combat, il faut avoir le support technique qui va avec.

 

Le moindre changement dans l’une de ces lignes est comme différencier le ciel et la terre. Le moindre laisser-aller amènera la défaite. Retenez tout cela!

 

Là aussi cette phrase fait figure d’avertissement, c’est un rappel que si on n’est pas complet et que l’on ne met pas en symbiose, en harmonie, notre théorie qui est illustrée ici par le ciel et notre pratique illustrée par la terre, alors la défaite est proche.

 

Dans la tradition chinoise, le ciel et la terre sont tels le yin et le yang, une paire de forces mutuelles et complémentaires ne pouvant être l’une sans l’autre, l’homme étant au centre de ces deux grands pôles de vie. Le moindre déséquilibre et les choses basculent.

 

Si un taôiste parlait d’écologie, il dirait que l’homme, en prenant trop de la terre,a déséquilibré le ciel et ainsi amène sa perte.

 

En combat il en est de même, le moindre déséquilibre fait basculer le résultat du match.

 

A bientôt pour le final…

author: Lionel Roulier

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